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La lutte jusqu’à la victoire !

La grève à Emmaüs s’étend après 100 jours : il faut un plan national de solidarité jusqu’à la victoire !

La grève lancée par les compagnons d’Emmaüs de Saint-André-lez-Lille depuis près de 100 jours a fait des émules. Depuis, 3 autres sites, dont celui de Nieppe il y a une semaine, sont entrés en grève. Il faut une grande campagne de solidarité du mouvement ouvrier pour arracher la victoire et revendiquer la régularisation de tous les sans-papiers.

Boris Lefebvre

4 octobre 2023

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La grève à Emmaüs s'étend après 100 jours : il faut un plan national de solidarité jusqu'à la victoire !

Crédit photo : Capture d’écran vidéo de Ugo Bernalicis

Près de 100 jours de grève et d’occupation à La Halte Saint Jean à Saint-André-lez-Lille, 42 jours de blocages à la communauté Emmaüs de Grande-Synthe près de Dunkerque, plus de 20 jours sur le site de Tourcoing et près d’une semaine sur le site de Nieppe dans les Flandres près d’Armentières, le combat des compagnons grévistes sans-papiers dans le Nord s’étend et se radicalise.

Jeudi dernier, les compagnons sans-papiers grévistes de la Halte Saint Jean à Saint-André-lez-Lille ont décidé de commencer l’occupation des lieux. Fini les barnums sur le trottoir devant le site, les compagnons ont décidé de « radicaliser notre mouvement autant que possible » comme le déclare à la Voix du Nord Alix, porte-parole des compagnons grévistes. « À 90 jours de grève, nous avons encore des réserves. Cette occupation durera autant de temps qu’il le faut, tant que la préfecture se taira » renchérit-il. Sur place, l’UL CGT Tourcoing, le CSP 59 et les députés insoumis Ugo Bernalicis et Rachel Keke en soutien pour exiger la régularisation de tous les sans-papiers et faire pression pour que la préfecture régularise en urgence les compagnons du site, sans attendre la suite de l’enquête judiciaire ouverte en juin dernier pour traite d’être humain et travail dissimulé.

Lors des prises de parole, Rachel Keke est revenue sur son expérience de gréviste à l’hôtel Ibis de Batignolles : « Ne baissez pas les bras car le traitement que vous avez reçu est inhumain. C’est de l’esclavagisme ! […] Il faut tenir bon car je sais qu’à la fin, quand on tient bon, on gagne ! ». Elle revient sur les conditions de travail des compagnons et sur l’importance de la lutte pour faire valoir ses droits : « partout où vous êtes piétinés, où vous êtes mal payés, où vous êtes maltraités, mettez-vous en lutte ! C’est important parce que ça ne va pas descendre du ciel. C’est la lutte, c’est le combat qui peuvent faire qu’on peut obtenir quelque chose et nous [les grévistes de l’hotel Ibis de Batignolles] on l’a fait pendant 22 mois et nous avons obtenu satisfaction sur 99% de nos revendications ». À l’unisson, les soutiens rassemblés réclament : « Régularisation pour tous les sans-papiers ! ».

À l’autre bout du département, à Grande-Synthe, les compagnons restent mobilisés après plus de 40 jours de grève contre leur direction qui ne veut toujours pas partir. Les compagnons réclament leur régularisation, le paiement de leur dû et le départ d’une direction qui ne les protège pas. La réalité des brimades racistes, documentées par StreetPress, que les compagnons sans-papiers subissent, participe de leur détermination à faire partir une direction qui a perdu jusqu’au soutien d’Emmaüs France. Le 21 septembre dernier, le président d’Emmaüs Dunkerque, Jean-Pierre Wexsteen, passait devant le tribunal pour entrave au droit de grève. Les avocats des compagnons grévistes sans-papiers en ont également profité pour demander des explications sur le transfert des noms des grévistes à la préfecture et pour dénoncer les procédures d’exclusions engagées par la direction locale d’Emmaüs contre les compagnons sans-papiers. Le bras de fer se poursuit et le site de Grande-Synthe reste bloqué depuis. Les compagnons restent déterminés à faire partir leur direction et n’entendent pas lâcher quoi que ce soit avant d’être régularisés.

Sur les sites de Nieppe et de Tourcoing, c’est le même son de cloche que l’on entend avec des conditions de travail dégradées et des régularisations qui n’arrivent pas, même après des années de travail sous-payé. Comme le souligne Stéphane Vonthron de la CGT Nord dans une interview sur France 3, le modèle Emmaüs atteint ses limites et montre la crise interne qu’il traverse : « Est-ce que vous connaissez des associations qui emploient des bénévoles pendant plus de 40 heures par semaine avec des horaires ? ». Il renchérit pour dénoncer le travail dissimulé dont sont victimes les compagnons d’Emmaüs : « Statutairement parlant, ce sont des travailleurs et des travailleuses. Un bénévole qu’on oblige à venir sept heures ou huit heures par jour, ce n’est pas du bénévolat, c’est du travail déguisé ».

Dans une rentrée marquée par l’offensive xénophobe autour de la crise migratoire à Lampedusa et des discussions sur le projet de loi immigration, la lutte exemplaire des compagnons d’Emmaüs met en lumière la situation des travailleurs sans-papiers et l’enjeu d’arracher la régularisation pour tous et toutes. Une mobilisation que l’ensemble du mouvement ouvrier et des militants antiracistes doivent soutenir, car une victoire des compagnons d’Emmaüs serait décisive dans une période marquée par l’offensive réactionnaire du gouvernement.

Dans ce cadre, l’interpellation par Sophie Binet de la direction d’Emmaüs, dénonçant l’attaque au tribunal contre les compagnons grévistes va dans le bon sens. Mais l’avertissement adressé à la direction d’Emmaüs doit être accompagné d’un plan conséquent de solidarité avec cette grève, en construisant non seulement le soutien financier aux grévistes, mais également des actions de solidarité concrètes dans tout le pays. Des initiatives qui devraient être le support d’une véritable campagne pour aider les différentes grèves à gagner, mais également pour agiter très largement la revendication de la régularisation de tous les sans-papiers, contre les discours réactionnaires qui pullulent et cherchent à diviser le monde du travail.

De telles actions seraient décisives pour permettre à cette lutte exemplaire d’aller au bout, mais également pour faire connaître partout une mobilisation qui montre la voie à suivre pour construire une riposte face au patronat et au gouvernement.


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