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Paroles de piquet

Les raisons de Latéco(l)ère

3ème jour de grève sur les sites de Latecoère Toulouse et Gimont (Gers). À Toulouse, près de 100 salariés, principalement des ouvriers, se sont rassemblés devant le portail de l'entreprise dès 7 heures du matin pour marquer leur ras-le-bol face aux politiques de la nouvelle direction. Révolution Permanente est allé à la rencontre des grévistes, afin de relayer leur voix. Correspondants

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Un conflit historique

« C’est déjà une victoire » nous expliquent les salariés. En effet, voici plus de 40 ans que l’entreprise toulousaine n’avait pas connu de grève. Ces quatre décennies de trêve ont donc pris fin, et ce depuis trois jours, pour faire face à la nouvelle direction dont la gestion est fortement critiquée par les salariés. Cadeau de 10 millions d’euros sous forme d’actions gratuites au management du groupe, augmentation des salaires des membres du conseil d’administration, le tout accompagné cette année par un gel des salaires pour les employés, ont mis le feu un poudre. « C’est cette année que les salaires ont été gelés, mais en réalité ça fait 5 ans que les augmentations sont quasi nulles, et ne vont pas forcément dans toutes les poches », nous explique L. sur le piquet, alors que la direction affirme qu’il y a eu des augmentations de 3 % ces dernières années. « Ici, il y a 5 ou 6 directeurs qui s’octroient de grosses primes, puis nous disent qu’ils ne peuvent pas augmenter les salaires », renchérit S. « Il y a un vrai ras le bol », conclut-il. S’ajoute à cela un vrai mépris de la direction « On a discuté lundi dernier à la pause entre ouvriers, parce qu’on en pouvait plus de ces conditions, puis on a décidé d’aller voir la direction, mais ils n’ont rien voulu savoir. C’est eux qui ont provoqué la grève », rajoute un salarié.

Mobilisation pour le conseil d’administration

Ce lundi matin, les salariés ont voté à l’unanimité la reconduite de la grève à mardi, où se tient un conseil d’administration. Les grévistes de Latecoère de Gimont ont prévu de venir se rassembler avec leurs collègues toulousains. Bien qu’un tract à l’initiative de cadres ait été l’élément déclencheur du mouvement, le piquet est essentiellement tenu par des ouvriers. « On est presque tous dehors », nous explique une ouvrière gréviste. « Il n’y a que 170 ouvriers dans l’usine. Il y a quasiment trois cadres pour un ouvrier au sein de l’entreprise », poursuit-elle.

La direction veut faire croire que la chaîne de production est toujours active, afin de décourager et d’éteindre la contestation naissante. Étant donnés les stocks, il semblerait que la direction puisse assurer les commandes pendant quelques semaines malgré la grève. En effet, ces dernières « sont au moins déjà bouclées jusqu’au mois de janvier ». Mais, si le conflit perdure, ou bien reprend au moment des négociations que la direction dit vouloir entamer en janvier, la marge de manœuvre de la direction pourrait être fortement réduite.

L’un des rares cadres à être présent sur le piquet nous explique « ne pas comprendre » pourquoi ses collègues ne participent pas au mouvement. « Eux aussi en ont ras le bol. Je pense que c’est plus par crainte de la direction que beaucoup désertent le piquet. C’est pourtant maintenant qu’il faut bouger ». Une autre hypothèse est avancé par le gréviste : « Beaucoup sont à FO, dont les délégués syndicaux n’appellent pas à la grève ». Un imprimé d’article de la Dépêche, au titre explicite « FO reprend la main », circule dans les rangs des grévistes. Entre rires sarcastiques et réelle colère, les salariés nous expliquent tour à tour que cette grève « est à l’initiative de non-encartés », qu’elle est avant tout le résultat « d’une volonté de dire stop, de relever la tête ».

Le mépris patronal a donc mis fin à 40 ans de paix sociale. La colère a ainsi explosé hors des cadres syndicaux face à la précarisation progressive des ouvriers. Traités comme de la chair à patron, ces derniers maintiennent la pression sur la hiérarchie. Ce premier CA en temps de grève va réellement déterminer la position de la direction dans le conflit, avec une échéance cruciale début 2016 : l’ouverture des négociations salariales. Dans ce contexte, la venue des salariés de Gimont est aussi un point fort de la lutte. De plus, les grévistes ont appelé les salariés des autres sites de Latécoère à les soutenir. Car c’est bel et bien « la solidarité entre les salariés » qui permettra de freiner la course effrénée à la maximisation des profits… sur le dos des travailleurs.


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