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Etats-Unis

Livraisons d’armes sous condition : Biden met la pression mais continue à soutenir le génocide

Après que l’administration étatsunienne a annoncé, mardi, qu’elle suspendait la livraison de certaines munitions vers Israël, le président des Etats-Unis a déclaré, lors d’une interview donnée à CNN, hier soir, que les Etats-Unis suspendraient les livraisons d’armes à Israël si Tsahal entrait dans la ville de Rafah.

Enzo Tresso

9 mai

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Livraisons d'armes sous condition : Biden met la pression mais continue à soutenir le génocide

Crédit photo : Wikimedia Commons

Craignant que les obus pénétrants, fournis par les Etats-Unis, se soient utilisées contre des cibles civiles, l’administration étasunienne avait en effet suspendu leur livraison, mardi, alors que la publication des conclusions du rapport parlementaire sur l’utilisation des armes étatsuniennes livrées à Tsahal est attendue, suscitant les craintes des Démocrates. Hier soir, sur CNN, le président des Etats-Unis a encore durci le ton à l’égard d’Israël, menaçant de suspendre les livraisons d’armes offensives si Netanyahou décidait de lancer ses troupes terrestres à la conquête de Rafah alors que Tsahal a pris contrôle, dans la nuit de lundi à mardi de l’aéroport Yasser Arafat et du point de passage de Rafah, à la frontière entre Gaza et l’Egypte.

Interrogé par le journaliste Erin Burnett, Joe Biden a formulé un ultimatum : « Des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes et de la stratégie qu’ils ont choisie pour prendre les centres d’habitation. J’ai fait clairement comprendre que s’ils entrent dans Rafah – ils ne sont pas encore entrés dans Rafah –, je suspendrai les livraisons des armes qu’ils ont utilisées par le passé pour s’occuper des villes ». Le président a également indiqué qu’il n’entendait pas suspendre l’acheminement des équipements défensifs, comme les systèmes anti-missiles utilisés par le dôme de fer. Durant l’interview, le président a ainsi indiqué que l’invasion de Rafah et l’entrée des troupes dans la ville constituait une « ligne rouge » pour son gouvernement.

Le gouvernement israélien a publié, en réponse, un communiqué lapidaire, par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Israël à l’ONU qui a jugé « difficile à entendre et très décevante » l’avertissement du président étatsunien, jusqu’à l’interpréter comme une trahison implicite : « Il est assez clair que n’importe quelle pression sur Israël, n’importe quelle restriction qui lui est imposée, même de la part d’alliés proches soucieux de nos intérêts, est interprétée par nos ennemis et leur donne de l’espoir ».

Si les Etats-Unis avaient accordé un feu vert opérationnel pour la campagne de Rafah, en contrepartie d’une riposte modérée contre l’Iran, l’expansion des mobilisations étudiantes et le risque d’un approfondissement sans précédent du massacre à Gaza dans ce contexte a contraint le président candidat à sa réélection de durcir le ton envers Israël afin de limiter autant que possible l’ampleur de l’invasion de Rafah. La perspective de celle-ci a d’ores et déjà donné un nouvel élan aux mobilisations pro-palestiniennes à travers le monde et notamment sur les campus américains.

Ce ne sont évidemment pas les vies des Palestiniens qui préoccupent Biden, lui qui a soutenu et parrainé le massacre depuis sept mois, mais bien la menace sociale et politique sur le plan intérieur alors que de larges secteurs d’électeurs démocrates menacent de faire défection et qu’un profond mouvement de politisation anti-impérialiste traverse la première puissance mondiale. Menacé électoralement, Biden tente par tous les moyens de limiter l’ampleur de la crise et de convaincre Netanyahou de renoncer à son attaque, tout en appuyant la poursuite du processus de colonisation et de prise de contrôle de la Bande de Gaza.

Dans le même temps, l’impérialisme américain assure les arrières des génocidaires. Alors que la Cour Pénale Internationale menace d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahou et d’autres gouvernants israéliens, comme le ministre de la défense Yoav Gallant et le chef d’état-major Herzl Halevi, Axios rapportait la semaine dernière que des sénateurs démocrates et républicains se seraient entretenus avec des administrateurs de la CIP pour les dissuader d’émettre des mandats d’arrêts.

Si l’invasion de Rafah inquiète les Démocrates et si Biden tente d’en limiter l’expansion, le président candidat à sa réélection réaffirme ainsi son soutien à Netanyahou, afin d’appuyer ses initiatives diplomatiques et le convaincre de limiter le plus possible les conséquences de l’invasion de Rafah.


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