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Crise des urgences

Mobilisation à Quimper après la mort d’un bébé : il faut une lutte nationale contre la casse du service public !

Ce samedi, un millier de manifestants, ont manifesté à Quimper après qu’un bébé soit mort faute de prise en charge à l’hôpital de Carhaix. Une mobilisation réprimée par le gouvernement qui démontre l’étendue de la crise des urgences et la colère de la population.

Yann Causs

2 octobre 2023

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Mobilisation à Quimper après la mort d'un bébé : il faut une lutte nationale contre la casse du service public !

Crédits photos : Ouest France

L’image a fait le tour des réseaux sociaux samedi dernier, un millier de personnes selon les organisateurs ont manifesté devant la préfecture du Finistère à Quimper pour exiger la réouverture des urgences de Carhaix la nuit. Une manifestation dont les images témoignaient d’une détermination importante, en particulier celle de la catapulte tractée par les élus municipaux de Carhaix devant le cordon de CRS, ou encore le feu allumé devant la préfecture et les danses de joie des manifestants.

Alors que [plus de 300 habitants, soignants et élus de Carhaix avaient https://www.ouest-france.fr/sante/hopital/video-300-manifestants-prennent-la-direction-de-quimper-pour-defendre-lhopital-de-carhaix-d644494e-fc36-4fde-b0a7-b08e8ff786cd], ces derniers se sont heurtés à la réponse habituelle du gouvernement, celle de la matraque. Tandis que les manifestants tentaient de franchir le cordon de CRS pour rejoindre la préfecture, la police n’a pas hésité à les réprimer en employant gaz lacrymogène et coup de matraque comme on peut le constater dans les vidéos.

Une réponse ultra-répressive à une mobilisation survenue en réaction à un drame survenu dans la nuit de mercredi à jeudi à Carhaix, où un nourrisson de 6 mois, souffrant de problèmes respiratoires, est décédé en l’absence de prise en charge suffisamment rapide par les secours. Une conséquence de la fermeture de nuit des urgences hospitalières de Carhaix, fautes de personnel et de moyens, que la population avait déjà dénoncé le 14 septembre dernier en envahissant l’ARS, restée silencieuse face aux revendications.

Carhaix, une loupe sur la dégradation profonde du système de santé

La manifestation de ce samedi a permis de mettre en lumière les conséquences profondes de la crise des services de santé, tout particulièrement celles des services d’urgences. En réalité, le choix du gouvernement depuis plusieurs mois de pérenniser un fonctionnement dégradé des services d’urgences en généralisant leur fermeture et leur « régulation », amène un véritable calvaire pour la population. Dans un reportage réalisé par le HuffPost qui a suivi la manifestation, les habitants racontent la situation à Carhaix. « C’est une galère, on appelle le 15, on nous envoie ailleurs pour faire revenir ici, c’est une perte de chance et de temps » explique une auxiliaire puéricultrice. Alors que les hôpitaux vers lesquels sont renvoyés les habitants de Carhaix sont, pour le plus proche, à 45 minutes de voitures, Solange, habitante de la petite ville de 7 500 personnes, soutient que « la situation ne peut pas tenir, ici on est loin de tout, on a besoin d’un service de santé correct ».

Le problème à Carhaix dépasse par ailleurs la question des services d’urgence et concerne l’accès aux soins dans sa globalité, comme l’affirme avec force Delphine, elle aussi habitante : « on en parle depuis longtemps de ce problème à Carhaix. Il n’y a plus de dentiste, un médecin généraliste c’est très compliqué à trouver. Moi, j’ai la chance d’en avoir un, mais pour les gens qui arrivent à Carhaix c’est impossible d’en trouver. » Une réalité rapportée aussi par Monique, infirmière à la retraite, qui montre l’absurdité de la fermeture des urgences : « Mon propre médecin d’ici m’a dit qu’il y a des gens qui bloquent des semaines pour aller à Paris se faire soigner. »

« C’est pour toutes ces raisons qu’on se dirige vers Quimper, pour se faire entendre », affirme une habitante de Carhaix, tandis qu’un autre assure qu’ils vont continuer « à se battre pour l’hôpital », « sans jamais baisser la tête » pour qu’il rouvre complètement. Des déclarations qui montrent le niveau d’indignation et de révolte présent au sein de la population, que l’élu municipal et agriculteur de Carhaix, Yann Maniac’h appuie, après s’être fait réprimer par la police en déclarant « qu’ils [le gouvernement] ne gagneront pas, on ne s’arrêtera pas de se défendre ». En 2008, à Quimper, la population avait forcé les grilles de la préfecture du Finistère contre la fermeture d’un service de maternité, faisant reculer les pouvoirs publics.

Une forte colère : l’ensemble du mouvement ouvrier doit s’emparer de la crise l’hôpital

Si les mobilisations syndicales au sein des services de santé ne manquent pas ces dernières années, depuis avril, celles-ci prennent une nouvelle ampleur dans certaines petites villes. 2 000 manifestants à Feurs (Loire) fin avril, 6 000 à Langres (Hautes-Marne) le 23 septembre dernier, et enfin un millier à Quimper ce samedi, la population se mobilise de plus en plus pour dénoncer un accès aux soins détériorés, la destruction des services publics et les déserts médicaux. Tandis qu’à Feurs, la population protestait contre la fermeture très prochaine du service des urgences, à Langres, l’immense manifestation jamais vue dans cette ville, et à l’initiative de l’association Egalité santé, s’opposait au projet de réorganisation hospitalière de l’ARS.

Des manifestations qui marquent une colère profonde au sein de la population contre les conséquences des politiques néolibérales des gouvernements successifs. Des conséquences qui vont au-delà de la santé, puisque ce sont l’ensemble des services publics qui sont détruits et font face au manque de moyens. Une situation dont les plus fortes conséquences se ressentent dans les banlieues pauvres ou les zones rurales et semi-rurales. Alors que le grand mouvement contre la réforme des retraites marquait la profondeur de la colère dans le territoire, que les révoltes des banlieues exprimaient également ce phénomène et ont grandement fragilisé le gouvernement, la dossier de l’hôpital public, l’accès aux soins et les contestations grandissantes en ruralité pourraient bien venir percuter ce dernier par en bas et l’ébranlé à nouveau.

Marie-Laure Charchar, secrétaire générale de la CGT blanchisserie et membre de Révolution Permanente nous donne sa vision de la situation : « d’une part la centralité d’un service de santé performant pour la vie de tout le monde, et d’une autre la détérioration de ces services, le caractère minable des conditions de travail à l’hôpital, et ce par la faute des politiques qu’ont menaint les gouvernements. Et ça va pas en s’arrangeant, Les drames à l’hôpital ne cessent de se multiplier, c’est urgent d’y mettre fin ! La contestation dans les petites villes est normale et symptomatique au vu du niveau de destruction des services de santé. On doit prendre exemple sur ce qui se passe dans ces petites villes qui arrivent à mobiliser largement la population sur un sujet, surtout à l’heure où les directions syndicales continuent de maintenir des mobilisations dans la division les luttes alors qu’on aurait besoin d’un mouvement d’ensemble. »

De fait, la démonstration de colère de samedi pose la question de la construction d’une riposte, qui associe lutte pour les services publics, mobilisation contre la vie chère et pour les salaires, et refus des offensives autoritaires et racistes, qui font obstacles à celles et ceux qui relèvent la tête. Un enjeu central à l’heure où la préparation du 13 octobre est largement en-deçà des nécessités urgentes de la situation, et où le son de cloche des dirigeantes de la CGT et de la CFDT est au refus de prendre « sa revanche » face à Macron. La colère existe, il faut l’organiser dans un plan de bataille offensif ! Comme le conclut Marie-Laure, « il y a urgence à construire une riposte d’ensemble, contre les offensives répressives et racistes du gouvernement, contre la vie chère et l’inflation qui nous appauvrit, mais également contre la casse des services publics ».


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