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Pas de justice, pas de paix !

Nanterre, Toulouse, Roubaix, Lyon, … : après le meurtre de Nahel, la colère s’étend partout en France

La colère contre la mort de Nahel a pris une nouvelle dimension cette nuit. Préfectures et mairies attaquées, commissariats envahis, forces de police contraintes de reculer : la jeunesse des quartiers populaires s'est révoltée aux quatre coins du pays.

Antoine Weil

29 juin 2023

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Nanterre, Toulouse, Roubaix, Lyon, … : après le meurtre de Nahel, la colère s'étend partout en France

Crédit photo : Capture d’écran. Clément Lanot

Après la mort de Nahel, 17 ans, tué par la police mardi matin, la jeunesse des quartiers populaires s’est révoltée. Après une première nuit d’émeutes mardi, la colère est montée d’un cran dans la nuit de mercredi à jeudi. Outre Nanterre, où s’est déroulé le meurtre de l’adolescent et point de départ de la colère, la contestation s’est étendue à l’ensemble de la région parisienne et à de nombreuses villes partout en France.

A Nanterre, les jeunes ont fait reculer la police à coup de mortier d’artifices, la préfecture a été visée et on constate de nombreuses voitures et poubelles brûlés. Le journaliste Rémy Busine, habitué à couvrir les mouvements sociaux, compare la situation d’hier à Nanterre à celle des premiers actes du mouvement des Gilets Jaunes. A Mons dans le Nord, à Trappes dans les Yvelines ou à Dammarie Les Lys en Seine-et Marne les commissariats ont été envahis.

A Fresnes dans le Val-de-Marne le poste de sécurité de l’entrée de la prison a été attaqué. A Montreuil et à l’Ile Saint-Denis les mairies ont été ciblées et partiellement incendiées. Partout les jeunes s’en prennent aux bâtiments représentant la police et l’Etat pour manifester leur colère face à un énième crime policier et au harcèlement raciste qu’ils vivent au quotidien.

De Issy les Moulineaux au Blanc Mesnil, en passant par Mantes la Jolie, Vitry-sur-Seine, Neuilly-sur Marne, toute la région parisienne est touchée par cette vague de colère. Mais le mouvement de révolte ne s’arrête pas là, des émeutes impressionnantes ont notamment touchées Roubaix, Toulouse et la banlieue lyonnaise, signe du rejet profond de la police et de l’Etat que le meurtre de Nahel a fait exploser. On a pu assister à des scènes inédites, avec une énorme explosion à Clichy dans les Hauts de Seine, un tramway brûlé à Clamart et des scènes de pillages à La Courneuve, marquant le débordement des forces de police.

Mises en difficultés, ces dernières ont durement réprimées cette nuit. Beaucoup d’informations sont encore manquantes, mais des vidéos postées sur les réseaux sociaux témoignent de la violence déployée par la police hier soir, avec un policier menaçant arme à la main un jeune : « Arrête-toi, ou je te bute » tandis qu’un coup de feu tiré par un fonctionnaire de police a vraisemblablement touché un jeune cette nuit. Au total, au moins 150 personnes ont été arrêtées, selon l’AFP.

Face à la contestation, le gouvernement a été forcé de convoquer une cellule interministérielle de crise en urgence ce matin à 8 heures. Emmanuel Macron a dénoncé « des scènes de violences injustifiables » contre « les institutions et la République » avant de remercier les forces de police qui selon lui « ont œuvré pour protéger ses institutions et ramener le calme ». Toujours plus loin dans l’indécence, il s’est permis de mettre la pression sur la famille de la victime, estimant que « la marche blanche [prévue pour 14 heures à Nanterre] doit se faire » sous « [le] signe [du] recueillement [et du] respect ».

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a lui déclaré « Soutien aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers qui font face avec courage. Honte à ceux qui n’ont pas appelé au calme. ». Si dans un premier temps, inquiet du risque d’explosion de la colère, Macron et Darmanin ont tenté de se démarquer du policier incriminé, dénonçant une situation « inexcusable » et appelant à dissoudre un syndicat de policier pro-Zemmour ayant justifié le meurtre de Nahel, les déclarations de ce matin indiquent que la machine répressive de l’Etat va vite se durcir contre les jeunes de quartiers populaires. Un renforcement du dispositif policier est déjà prévu pour la nuit prochaine, et Darmanin après s’est entretenu avec les préfets a annoncé le déploiement de 40 000 policiers partout en France.

Mais face à une colère forte le gouvernement n’en mène pas large. Ce matin sur BFM TV le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a déclaré : « Ce n’est pas la République qui est en garde à vue, ce n’est pas la République qui a tué ce jeune homme » pour à tout prix éviter que la colère contre le meurtre de Nahel ne mène à une contestation plus large de la police. A en croire les révoltes de cette nuit, l’idée semble avoir déjà fait son chemin. La colère et la révolte des jeunes de quartiers face à l’Etat et sa police raciste semble vive. Il appartient désormais au mouvement ouvrier de rentrer dans la bataille pour mettre sur pied un mouvement d’ensemble contre Macron, son offensive autoritaire et son régime policier.


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