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Augmentez les salaires !

Panique dans les médias : vers une grève à la SNCF pour les fêtes ?

Depuis quelques jours, les médias s’agitent. En cause ? La colère cheminote face au refus de la SNCF d’accorder des augmentations décentes malgré l'inflation et les milliards de profit.

Lisa Mage

16 novembre 2023

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Panique dans les médias : vers une grève à la SNCF pour les fêtes ?

Crédit Photo : Michael Day / Flickers

« SNCF : menace de grève pendant les fêtes de Noël », voilà les titres de nombreux articles depuis quelques jours alors que sur le plateau de TPMP cette semaine, on commence déjà à attaquer les prétendus « preneurs d’otages ». En cause ? Une lettre envoyée par la fédération Sud Rail aux trois autres syndicats représentatifs, à savoir la CGT Cheminots, Unsa-Ferroviaire et CFDT Cheminots, proposait cette semaine une rencontre pour discuter de la construction d’« une puissante mobilisation, exclusivement sur le sujet des salaire ».

De quoi alimenter les rhétoriques anti-grèves et anti-cheminots habituels. Or, ce mouvement répond à la proposition de la direction, lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) d’une augmentation générale des salaires d’à peine 1,8% qui, en cas de refus de signer de la part des syndicats, serait abaissée à 1% d’augmentation de salaires. Une proposition et un chantage que de nombreux travailleurs ont vécu comme un « crachat au visage »

En effet, dans un contexte où l’inflation totale atteint 5% et que les prix des produits de première nécessité explosent, à l’instar des prix de l’alimentaire, ayant augmenté de 17% ou encore les prix de l’électricité, subissant une augmentation de près de 16%, une augmentation de 1,8% des salaires correspond en fait à une baisse du salaire réel. Une réalité de précarisation, que le syndicat Sud Rail entend dénoncer en revendiquant une augmentation générale des salaires de 400 euros et en appelant les autres syndicats représentatifs à construire un mouvement fort et unitaire.

Des augmentations qui correspondraient à un coût total pour l’entreprise d’un peu moins de 700 millions d’euros, selon les estimations du syndicat. Un chiffre encore très loin d’atteindre les profits faramineux de la SNCF, qui vont encore augmenter cette année selon les estimations. Ainsi, l’année 2022 s’est clôturée en engrangeant un bénéfice de 2,4 milliards après impôts et un chiffre d’affaires de 41,4 milliards d’euros. Une rentabilité qui va encore s’accroître puisque le premier semestre de 2023 bat un nouveau record de profits, à savoir une augmentation de 2,2% du chiffre d’affaires.

La colère gronde donc, face à une direction qui engrange des milliards sur le dos des travailleurs tout en les méprisant dès que ces derniers cherchent à récupérer un peu de la valeur qu’ils produisent. Si les revendications se portent, pour le moment, sur la question des salaires, les cheminots cherchent aussi à alerter sur leurs conditions de travail se dégradant de jour en jour. De la dernière polémique autour des punaises de lit à la question de la liquidation du Fret, les travailleurs des transports tirent depuis des années la sonnette d’alarme sur leur condition de travail et leur salaire dérisoire, accéléré par la privatisation croissante du secteur.

Comme l’explique Anasse Kazib dans un article : « la situation financière des cheminots pousse chaque année de plus en plus d’agents vers la démission avec une moyenne de 1000 démissions chaque année. Ces départs répétés, faute d’attractivité salariale et de perspectives durables, pèsent de plus en plus sur le service public ferroviaire (…). De plus, ces démissions massives pèsent également et en premier lieu, sur les conditions de travail des cheminots qui doivent faire avec le manque de personnel, la dégradation du service public ferroviaire, mais aussi avec l’augmentation du nombre d’agressions de la part d’usagers excédés qui s’en prennent parfois physiquement aux cheminots de terrain plutôt qu’aux dirigeants de la SNCF. »

Autant de problématique qui montrent que le discours politico médiatique autour de la question des « preneurs d’otages », rhétorique fréquemment utilisé par le patronat, les médias et le gouvernement pour criminaliser des grévistes se battant pour des salaires et des conditions de travail dignes, a pour seul objectif de décrédibiliser une lutte légitime, qui concerne l’ensemble des usagers. Si les cheminots visent Noël pour leur mobilisation, c’est parce qu’ils font face à une direction qui ne comprend que le rapport de forces, et méprise les revendications des cheminots toute l’année.

À l’heure où Challenges titre SNCF : les vacances de Noël vont-elles être gâchées par une grève ?, ceux qui gâchent les fêtes ce sont les grands patrons qui profitent de l’inflation et méprisent les travailleurs. Les cheminots ont raison de s’y opposer, et leur combat doit être un point d’appui pour commencer à poser la question d’un mouvement d’ensemble pour les salaires.


          
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