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Larmes de crocodile

Polémique opportuniste sur la poupée Borne pendue : aucun compte à rendre à Macron !

Pour essayer de décrédibiliser la mobilisation massive contre la réforme des retraites, le gouvernement tente d’instrumentaliser tout ce qu’il est possible d’instrumentaliser. Derniers exemples en date : un ballon de foot avec la tête d'Olivier Dussopt et une poupée pendue d'Elisabeth Borne.

Sasha Yaropolskaya

14 février 2023

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Une polémique anti-grève de plus. Ce samedi 11 février, la Macronie n’a pas manqué l’occasion de pousser de nouveaux cris d’orfraie. Une poupée pendue à l’effigie d’Elisabeth Borne est mise en scène sur le camion Ports et docks de la CGT dans la manifestation marseillaise et voilà que le gouvernement multiplie les déclarations indignées. Pour le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, il faut y voir un acte « abject et pousse-au-crime », Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance y voit de son côté « une incitation au meurtre », quand pour Aurore Bergé, qui semble avoir davantage le sens de la mesure, il est question ni plus ni moins d’un« un appel à la haine ».

Les médias bourgeois ne manquent pas, eux aussi, de saisir l’opportunité pour appeler, à grand renfort de protestations scandalisées, à la condamnation de la part les directions syndicales et les responsables politiques de gauche. L’affaire marche bien : au micro d’Apolline de Malherbe, sur BFM TV ce lundi matin, Philippe Martinez, secrétaire général de la confédération CGT se presse d’incriminer : « Ça n’aide pas à rester sur l’essentiel et l’essentiel c’est la bataille contre l’allongement du départ à la retraite ».

Quelques heures plus tard, Laurent Berger, président de la CFDT, se jette dans la brèche sur le plateau du Grand Jury dimanche : « Ça n’a pas sa place dans les cortèges contre la réforme des retraites. On appelle au respect des personnes, au respect de nos interlocuteurs, toujours. Cette image là comme d’autres images qui sont la mise en cause de personnes, le non-respect de leur intégrité physique, je les condamne ».

Samedi soir, même Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste, se distancie de l’action des grévistes et refuse de prendre leur défense sur le plateau de BFM TV, expliquant : « ce n’est pas mon truc ». Seul Olivier Mateu, secrétaire de l’union départementale CGT Bouches-du-Rhône, a défendu au micro de BFM TV que « quand on ne veut pas sa tête sur une poupée ou sur un ballon, on ne fait pas de politique ».

Une instrumentalisation pour délégitimer la mobilisation

Après quatre journées de mobilisation massive contre la réforme des retraites, le gouvernement et les médias tentent de s’accrocher à tout et n’importe quoi pour délégitimer les manifestations. Depuis le début, celles-ci sont particulièrement encadrées par les directions syndicales, mais le gouvernement trouve le moyen de les présenter comme trop radicales voire dangereuses. Une tentative grossière de trouver des brèches pour décrédibiliser un mouvement largement soutenu par la population contre une réforme des retraites notoirement impopulaire.

Le gouvernement n’en est d’ailleurs pas son coup d’essai. En 2018, une polémique avait ainsi éclaté à propos d’un paillassou figurant Macron jeté en l’air par des militants de la France Insoumise. Au cours du mouvement des Gilets jaunes, la reprise de symboles révolutionnaires avait également suscité la fureur de la bourgeoisie, notamment à l’occasion de la mise en scène d’une décapitation pour laquelle trois gilets jaunes avaient fini en garde à vue.

Une façon de criminaliser la contestation politique sous des formes jugées trop subversives. L’affaire n’est pas sans hypocrisie de la part d’un gouvernement qui est réellement du côté de la violence : sa police gaze, matraque et éborgne les manifestants, ses réformes poussent de plus en plus d’ouvriers à mourir au travail, sa politique migratoire persécute, emprisonne et expulse les personnes immigrées, etc. Dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites, l’offensive est d’autant plus ridicule qu’elle apparaît en décalage avec la tranquillité des manifestations observée partout en France, évidente pour tous les observateurs.

A ce titre, difficile de ne pas voir dans l’offensive de la Macronie un avertissement contre toute tendance au débordement, même symbolique. La chose n’est pas très surprenante entre les mains du gouvernement et des éditocrates qui le soutiennent. Quand les directions syndicales rejouent leur partition, elle interpelle. Une chose est sûre, le mouvement ouvrier n’a aucun compte à rendre à ceux qui lui promettent toujours plus de misère et d’exploitation, et tout à gagner en faisant de la mobilisation contre la réforme des retraites une lutte subversive.


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