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Rencontre Sophie Binet-Macron : « le retour au dialogue social nous emmène dans le mur » !

Ce 29 août, Sophie Binet a été reçue par Emmanuel Macron pour discuter des « dossiers de la rentrée ». Vincent Duse, métallurgiste CGT chez PSA, réagit à cette tentative de la confédération de revenir au dialogue social.

Vincent Duse

4 septembre 2023

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Rencontre Sophie Binet-Macron : « le retour au dialogue social nous emmène dans le mur » !

Crédits photos : Sophie Binet en direct sur BFM TV à la sortie de Matignon mercredi 12 juillet

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a été reçue par Emmanuel Macron, avant la CFDT et le MEDEF, afin de tourner la page des retraites et revenir au dialogue social. Une rencontre qui n’a jamais été discutée dans les syndicats, et qui pose un problème de méthode démocratique important, à tous les niveaux. De nombreux militants de la CGT ont reçu le compte rendu aux structures envoyé suite au rendez-vous, qui montre non seulement que la direction de la confédération a abandonné toute envie d’organiser le combat, et ce sans consulter à un seul moment la base des syndicats, a contrario du discours des dirigeants qui est de dire que c’est la base de la CGT qui décide. On en est encore loin.

Ne pas se battre pour obtenir des rendez-vous, mais pour gagner sur nos revendications

La conclusion du compte-rendu de la rencontre montre jusqu’au bout les problèmes de logique politique des dirigeants de la CGT : « Le déroulement de ce rendez-vous est une preuve du rapport de force et de l’impasse dans laquelle se trouve le pouvoir, obligé de descendre de sa tour d’ivoire », explique Sophie Binet, pour qui le seul fait d’avoir pu introduire une réunion avec le Président de la République est une victoire politique. Six mois d’affrontement, au terme desquels le gouvernement a gagné sur toute la ligne, et on aurait gagné le droit d’être écouté par le Président ? Tous les militants, tous ceux qui ont fait grève le savent : c’est la construction d’un rapport de force, dans la lutte des classes, dans les grèves contre le patronat et le gouvernement, qui peut nous faire gagner : personne ne croit qu’une discussion peut changer la politique du gouvernement. Dans ce contexte, le retour au dialogue social est une traîtrise qui va nous emmener dans le mur : c’est ce que disaient les ouvriers en grève au printemps, cela n’a pas changé. On ne lutte pas pour obtenir des réunions : on lutte pour gagner sur nos revendications.

Nous ne voulons pas de référendum sur les retraites, on veut une revanche sur le gouvernement

De plus, on apprend dans ce compte-rendu que la direction de la CGT réclame maintenant « L’organisation d’un référendum sur les retraites et d’une conférence de financement lors de laquelle nous pourrons enfin présenter nos solutions », une revendication que n’a jamais porté la CGT, et que seuls ceux qui voulaient éviter la grève portaient. Dans le cadre de cette démocratie bourgeoise, dans un régime qui a piétiné toutes les libertés et où Macron est un véritable monarque présidentiel, qui peut croire que le gouvernement accepterait une telle demande ? Faire croire que nous pourrions obtenir par un vote ce qui n’a pas été obtenu par la lutte est illusoire et sème des illusions dans notre propre camp.

La proposition est d’autant plus problématique qu’elle s’est imposée sans aucune consultation des syndicats et des militants CGT, il aura fallu une note de compte rendu pour apprendre ce changement d’orientation ! Alors que Sophie Binet a d’ores et déjà annoncé ne pas « vouloir prendre de revanche » sur Macron, la direction de la CGT montre qu’elle veut enterrer les six mois de luttes militantes et de colères.

La CGT ne peut pas cautionner l’offensive islamophobe et raciste du gouvernement sur l’Abaya

Alors que le ministre de l’éducation Gabriel Attal a ouvert la rentrée avec une offensive islamophobe en interdisant les abayas à l’école, Sophie Binet, sur France Inter, a dit ne pas s’opposer à cette circulaire et qu’il fallait « avoir des règles claires [dont l’interdiction de l’abaya], qui de toute manière s’inscrivent dans la loi de 2005 (sic) que la CGT a soutenu ». Depuis, celle-ci n’est pas revenue sur ses propos, et, selon son propre compte rendu, reproche seulement au gouvernement d’en avoir fait une circulaire et une annonce au 20h ! Pendant que le gouvernement fait la part belle à l’extrême droite, réprime les quartiers populaires, la direction de la CGT fait un virage à droite, défendant la loi de 2004 alors qu’à l’époque la CGT s’était abstenue. Il est toujours inacceptable d’accepter des mesures islamophobes, d’autant plus lorsqu’on est la plus grande centrale ouvrière : il en va de l’unité de notre classe. On ne peut pas regretter l’ascension de l’extrême droite et la division de notre classe le lundi, le manque de syndicalisation dans les milieux les plus précaires (et souvent les plus racisés) et empêcher les filles de nos collègues de s’habiller comme elles le veulent le mardi.

Le même problème se pose avec la manifestation du 23 septembre contre les violences policières : la confédération y met si peu d’entrain que ces manifestations ne sont pas du tout militées à l’échelle national. Cette journée de mobilisation pourtant centrale devrait être au cœur de notre militantisme syndical contre les violences policières, face à un Etat qui veut museler tous ceux qui subissent les oppressions et les violences d’Etat.

Plus que jamais, la direction confédérale de la CGT doit arrêter toutes les formes de dialogue social avec le gouvernement, et doit s’atteler à la construction de la revanche contre Macron et sa clique. Dans ce sens, la seule perspective du 13 octobre, une énième journée isolée pour des augmentations de salaires, ne convainc personne en l’état : une journée routinière sans volonté de gagner quoi que ce soit, une journée qui ne convaincra jamais des millions d’ouvriers de se mettre en grève. Oui, la grève sera le moyen de faire plier nos adversaires, mais des journées isolées sans plan de bataille ne feront qu’épuiser nos forces et de perdre la confiance qu’ont encore des millions de salariés dans les syndicats.


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Vincent Duse

Ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse, militant CGT

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