Article issu de la traduction de deux articles initialement parus sur La Izquierda Diario
L’invasion russe de l’Ukraine et la guerre qui s’en est suivie nous ont tous surpris et surtout effrayés. Cette guerre a accéléré de manière exponentielle le repositionnement et les comparaisons des États vis-à-vis de leurs compétences en termes de défenses, engendrant surtout l’escalade militaire entre les grandes puissances qui avait débuté il y a de nombreuses années déjà. Notre monde est aujourd’hui déterminé plus que tout par cette guerre. A chaque rapport sur les souffrances et les destructions ukrainiennes s’ajoute de nouvelles déclarations, menaces et sanctions de la part de l’OTAN. Cette escalade qui ne semble pas s’essouffler pourrait nous laisser imaginer une troisième guerre mondiale si elle venait à prendre davantage d’ampleur.
Il faut en prendre conscience, cette guerre est une guerre pour le partage du monde entre la Russie, d’une part, et les États-Unis et les puissances européennes, représentées par l’Ukraine, d’autre part.
Un rassemblement au cri de « Les cheminots contre la guerre ».
En effet, n’oublions pas que l’Europe de l’Est a été militarisée et valorisée par les chemins de fer pendant des années : la Deutsche Bahn (entreprise ferroviaire allemande) a dégagé d’énorme profit avec ces transports d’armement et la spirale de la guerre !
Nous, les cheminots de tous pays, avons la possibilité d’influencer cette guerre : disons « Stop » pour les trains blindés, et disons « En route » pour les trains de réfugiés et les secours, dans toute l’Europe y compris en Russie !
Dans ce sens, lors du rassemblement, Lars, membre du syndicat des chemins de fer et des transports (EVG), a évoqué l’exemple des cheminots biélorusses qui ont refusé de transporter du matériel de guerre russe vers l’Ukraine le week-end dernier. Il a appelé les travailleurs russes à faire de même. Il a également appelé son propre syndicat à s’opposer systématiquement à la guerre et donc à la livraison d’armes à l’Ukraine.
Uwe Krug, conducteur de la S-Bahn (réseau ferroviaire métropolitain et suburbain en Allemagne, en Autriche et en Suisse) et membre du syndicat allemand des conducteurs de train (GDL), a souligné que tous les collègues qui s’opposent à la guerre, que ce soit en Ukraine, en Russie ou dans d’autres pays, doivent être soutenus par solidarité. Il a également exigé que toutes les personnes fuyant la guerre soient acceptées.
D’autres discours ont critiqué, entre autres, les 100 milliards destinés à la Bundeswehr (forces armées allemandes), qui devraient être dépensés non pas pour l’armement mais pour les transports, l’éducation et les soins de santé.
Voici la déclaration publiée dans les jours précédant l’action :
« Nous sommes aux côtés de nos camarades en Ukraine qui perdent leurs maisons, leurs familles et même leurs vies et qui souffrent le plus de la guerre. Mais nous sommes également solidaires de nos collègues travailleurs russes qui doivent payer la facture de la guerre et des sanctions, alors que beaucoup de leurs familles croient en la campagne de Poutine. (...) Et nous sommes du côté de tous nos camarades ici en Allemagne, parce que nous allons sentir les conséquences de la guerre dans nos porte-monnaie : c’est nous, les travailleurs, qui allons financer les 100 milliards pour la Bundeswehr mais aussi nous qui allons subir l’augmentation des prix de la nourriture, du gaz, de l’électricité et du carburant ! ». Ce à quoi ils ajoutent : « A tout cela nous disons NON ».
Enfin ils concluent par une série de revendications :
« En tant que cheminots et syndicalistes de l’EVG (N.E. : Fédération syndicale allemande) et du GDL (N.E. : Syndicat des machinistes), nous exigeons :
Aujourd’hui nous constatons que tous les gouvernements de l’OTAN et de la Russie utilisent la guerre en Ukraine comme prétexte pour augmenter de manière historique les budgets alloués à la défense mais également pour attaquer les droits salariaux et le pouvoir d’achat des travailleurs qui, une nouvelle fois se retrouvent à payer la crise. Il faut que ces rassemblements se multiplient dans toutes l’Europe et dans le monde entier afin de faire émerger un mouvement ouvrier international contre la guerre avec comme mot d’ordre : Ni poutine Ni Otan !
Traduction par Tomas Sanbordo.