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Interdiction des licenciements

Vague de faillites d’entreprises en Europe : un record depuis la crise de 2008

Sur fond de croissance en berne et alors que se font sentir les effets collatéraux du Covid, les faillites d’entreprises dans toute l'Europe sont au plus haut depuis la crise de 2008-2009.

Yann Causs

19 février

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Vague de faillites d'entreprises en Europe : un record depuis la crise de 2008

Crédits Photo : Wikimedia Commons

Une vague de faillites d’entreprise traverse l’Europe. D’après le journal Le Monde, qui s’appuie sur les éléments présentés par l’analyste financier S&P Global Ratings, les faillites sont au plus haut depuis la crise de 2008-2009 tandis que le nombre de défauts de paiement a doublé entre 2022 et 2023.

Le résultat de la fin des aides des Etats et d’une croissance en berne

Un constat corroboré par les statistiques des faillites dans l’Union européenne : les défauts de payement ont « progressé de 60% par rapport à leur point bas de mi-2020, pendant la pandémie de Covid-19, quand les aides publiques avaient maintenu à flot toute l’économie ». À suivre les chiffres, il faut remonter à 2015 pour retrouver un tel niveau.

Allianz Trade, société qui a pour tâche de répertorier les défaillances d’entreprises, tire le même bilan. L’agence est notifiée chaque jour d’une nouvelle faillite pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions d’euros. Comme l’agence l’explique, « on va rentrer dans le dur. On n’a plus les mesures de soutien, la croissance ne reprend pas, en tout cas pas tout de suite, les taux d’intérêt ne vont pas redescendre très rapidement ».

Au premier rang des secteurs les plus durement touchés, on trouve ceux qui ont été frappés par les effets de la crise sanitaire de la Covid-19 : l’hôtellerie, la restauration et le commerce de détail. Après la fin des aides publiques de l’État qui soutenait les entreprises durant la crise sanitaire, l’on assiste au « rattrapage » des défaillances évitées par la politique du « quoi qu’il en coûte ».

À ce titre, le vice-président du Centre for Economic and Business Research explique que « les entreprises qui feront faillites en 2024 et 2025 seront celles qui sont en difficulté depuis le Covid et ne s’en sont jamais vraiment remises ». En France, le phénomène est particulièrement fort, les prêts garantis par l’État devant être remboursés par les entreprises qui en ont bénéficié.

La crise du niveau de vie et la paupérisation des classes populaires du fait de l’inflation radicalisent enfin la dynamique en cours. Comme le note Romaric Godin : « la question est désormais de savoir si la situation est tenable. Elle ressemble à une impasse. La crise du niveau de vie a modifié les comportements et il faudra du temps pour revenir à la normale. ». En février dernier un sondage Haaris Interactive révélait que près de 87% des Français avaient modifié leurs habitudes alimentaires et 65% avaient renoncé à des dépenses liées aux loisirs. En France, la consommation des ménages compte pour moitié du PIB.

Suppressions d’emplois en perspective

Derrière ce phénomène, des centaines de milliers d’emplois sont menacés de suppression tandis que le patronat veut faire payer la crise aux travailleurs. Ainsi, le groupe bancaire français BPCE estime que 250 000 emplois sont menacés en France par les défaillances d’entreprises, un record depuis 7 ans, auxquels s’ajoutent les 17 000 faillites du dernier semestre 2023, nombre sans précédent depuis 1993.

En outre, les perspectives de création d’emplois en usine sont pessimistes pour 2024 en France. En effet, toujours selon Le Monde, si les chiffres restent positif dans les secteurs industriels en 2023, la dynamique ralentit et pourrait passer en négatif en 2024. Le « retour à l’industrie », annoncé par le gouvernement, s’annonce difficile, comme l’affirme la dernière étude du cabinet de recherche Trendeo sur l’emploi et l’investissement pour 2023.

D’ores et déjà le gouvernement a revu [à la baisse ses prévisions de croissance> https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/bruno-le-maire-revise-la-croissance-2024-a-la-baisse-a-1-et-met-letat-a-la-diete-2077043]. Bruno Le Maire déclarait, ce dimanche, qu’il espérait une croissance de 1 % contre 1,4 % initialement. Un réajustement qui va dans le sens des prévisions des institutions internationales : le FMI table sur une croissance de 0,9 %, l’OCDE envisage une hausse de 0,6 % du PIB.

Une situation face à laquelle il convient de rappeler haut et fort que ce n’est pas aux salariés de payer la crise. Il faut imposer l’interdiction des licenciements, exiger des entreprises qui veulent licencier qu’elles rendent publiques leurs livres de comptes et ordonner la fin du secret commercial. Dans le cas contraire, les mois à venir pourraient être particulièrement difficiles.


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