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#NoRenziDay

40.000 manifestants dans les rues de Rome contre l’ami de Manuel Valls

Jusqu’à présent, le Premier ministre italien Matteo Renzi (centre-gauche), au pouvoir depuis février 2014, pensait pouvoir réaliser un sans-faute. Contre-réformes sociales et populisme droitier étaient les ingrédients de sa gestion politique qui devait se couronner par un référendum censé plébisciter sa réforme constitutionnelle, le 4 décembre. C’était sans compter une grève générale organisée le 21 octobre par l’USB et une partie du syndicalisme de base et une journée de manifestation, samedi, qui a rassemblé 40.000 personnes à Rome, pour dire « non » à Renzi et à sa réforme. Anna Maltesta

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La contre-réforme du référendum constitutionnel, le 4décembre, a déclenché l’étincelle de la dissidence populaire qui s’est rapidement matérialisée dans la construction d’une coordination nationale pour un « non » socialcontre le plébiscite. Sous couvert de modernisation des structures institutionnelles, cette réforme constitutionnelle vise en réalité à renforcer l’exécutif et à consolider l’assise du Parti Démocrate et de la droite italienne, ce qu’aucune des lois électorales antérieures (« Porcellum » et « Italicum ») n’était en mesure d’offrir. La réforme vise notamment à garantir à une minorité parlementaire la totalité du pouvoir exécutif, un acte légitimé par la « prime à la majorité » requise par la loi Italicum de2015, qui prévoitla concession d’un certain nombre de siègesau parti majoritaire et un seuil de barrage de 3% pour les organisations politiques minoritaires qui sont privées, sous le prétexte d’une « stabilité parlementaire », de toute espèce de représentation politique.

En difficulté, sur sa droite, par rapport à la montée de Beppe Grillo et de son Mouvement Cinq Etoiles, Renzi ne croyait pas à un rebond, sur sa gauche, de la contestation politique. C’est pourtant bien ce qui a eu lieu, le 22 octobre, avec la manifestation nationale pour un « non » social au référendum précédé d’une journée nationale de grève à laquelle ont participé, selon l’USB, le principal des syndicats de base italien, 1,3 millions de salariés.

Une partie des organisations appelant au #NoRenziDay ont mis en avant la défense de la Constitution de 1948, mais c’est la nécessité d’un front commun pour s’opposeraux politiques anti-sociales du gouvernement Renzi qui a mobilisé et autour duquel s’est rattachée l’extrême gauche italienne.

A cette situation, il faut rajouter la guerre secrète menée par le Premier ministre en Libye. D’un côté, il multiplie les coupes budgétaires dans la santé ou le secteur public, mais, de l’autre, il réussit à trouver des fonds pour financer ses opérations militaires extérieures. Autre élément, la victoire de cinq ouvriers du groupe Fiat FCA de Pomigliano d’Arco, près de Naples. Ils avaient été licenciés après avoir exhibé, dans une manifestation, une marionnette pendue du PDG du groupe automobile, Sergio Marchionne, pour dénoncer le suicide de leurs collègues Maria Baratto et Pino de Crescenzo. La justice s’est prononcée sur le caractère illégal des licenciements. C’est aussi sur fond de luttes sociales qu’a été organisée la manifestation de samedi. A cette occasion, la Place San Giovanni, point de départ du cortège, a été rebaptisée Piazza Abd El Salam, du nom du militant syndicaliste qui a été tué sur un piquet de grève en septembre, mais également en l’honneur de toutes les victimes du Job’s Act. La loi Travail à l’italienne, promulguée en 2014 par le gouvernement Renzi, est à l’origine d’une série déchirante et interminablede licenciements abusifs, qui a inauguré la saison des suicides de masse et la répression contre la classe ouvrière.

Sur ces questions, les directions syndicales confédérales, CGIL, CISL et UIL, restent silencieuses, voire complices. La CGIL s’est prononcée, finalement, pour le « non » au référendum, mais ne mène pas campagne. La FIOM, la principale fédération de la CGIL, vient de signer un accord avec Confindustria, le Medef italien.

Le « Non » social, pour le cartel des principales organisations ayant convoqué à la manifestation de samedi, vise donc non seulementauretrait de la proposition de référendum, maisaussi àla construction d’une mobilisation des travailleur.euse.setplurielle afind’édifierune alternative politique qui puisserepousser les attaques des politiques d’austérité anti-sociales de Renzi et Confindustria etauxquellesil faut également rajouter la spéculation financière sur les grands travauxpublics et la persécution des migrants.

Il n’est pas dit que le 4 décembre, le « oui » ne va pas l’emporter, d’autant que le « non » social n’est qu’une des composantes des opposants de la réforme constitutionnelle qui rassemble, dans les urnes, un vaste éventail de forces politiques brassant également à droite, du berlusconisme au Mouvement Cinq Etoiles. Néanmoins, Renzi n’est plus assuré de gagner haut la main son référendum, ce qui était son pari initial, et consolider, ainsi, son tournant bonapartiste. Et, avec la double journée des 21 et 22 octobre, c’est aussi une opposition de gauche dont le gouvernement et Confindustria doivent faire face.

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