Des étudiants de Cambridge campent devant le King’s College
Aux Etats-Unis, les étudiants de Columbia ont montré la voie à suivre pour soutenir le peuple palestinien face au massacre en cours en occupant à partir du 18 avril un campement dans la prestigieuse université. Malgré la répression qui les en a chassés par moment, cette méthode s’est répandue comme une trainée de poudre, aux Etats-Unis comme en dehors.
La mobilisation s’étend encore aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, ce ne sont pas moins de 49 universités qui sont aujourd’hui occupées par leurs étudiant-es en protestation contre les massacres à Gaza avec le soutien de l’Etat étatsunien et de « Genocide Joe ». Débutée à Columbia et sur la côte est, la mobilisation, qui prend principalement la forme de campements dans les établissements aux couleurs de la Palestine, couvre maintenant l’ensemble du territoire américain.
Plus de 2 000 personnes ont été déjà arrêtées sur les campus américains depuis le 18 avril, témoignant de l’inquiétude du gouvernement en place vis-à-vis d’un mouvement aux airs de Vietnam 2.0. Les étudiants de l’université du Texas à Austin, dans l’un des États les plus réactionnaires du pays, ont créé leur propre camp de solidarité avec Gaza en réponse à la répression. De nombreux campements ont été établis dans les universités de Boston et des environs, notamment à l’université Northwestern, à l’Emerson College, au Massachusetts Institute of Technology et à l’université Tufts. À New York, après la répression à Columbia, des campements sont apparus en quelques jours à l’université de New York et à la City University of New York (CUNY) - l’une des plus grandes universités publiques du pays. Les étudiants de Columbia ont repris l’initiative et récupéré leur campement.
Les universités les plus prestigieuses des Etats-Unis prennent aussi leur part. Yale, Princeton, Harvard, Berkeley, l’Université de Los Angeles ont suivi, développant une véritable révolte universitaire avec des revendications communes pour la fin du génocide. Clairement à l’origine du mouvement, les Etats-Unis comptent pour un quart des universités actuellement occupées dans le monde, et leur mobilisation a largement contribué à redonner confiance aux étudiants quant à leur capacité à jouer un rôle contre le génocide à Gaza. Au delà des Etats-Unis, les étudiants sont également entrés dans la danse, notamment ce mardi en réaction à l’invasion de Rafah.
Une contestation croissante des étudiants au-delà des Etats-Unis
Australie, Grande-Bretagne, Canada, Japon, Allemagne… mais aussi la France, où les campus de Sciences Po et l’Université La Sorbonne sont à l’avant-garde du mouvement, les principaux pays impérialistes ont vu leur jeunesse s’impliquer dans un mouvement international encore embryonnaire, mais qui se renforce au travers notamment d’installations de campements universitaires en soutien au peuple Palestinien. En Australie, au cours des dernières semaines, des camps de protestation pro-palestiniens sont apparus dans au moins sept universités australiennes, d’après CNN, incluant les 4 principales villes du pays (Sydney, Melbourne, Adelaide et Perth). En Suisse, l’université de Lausanne a été occupée ce mardi.
Occupation en cours à l'Université de Lausanne en soutien à la Palestine et pour exiger le boycott contre Israël et la fin de toute collaboration avec des universités israéliennes.
Malgré la pression du rectorat et des médias, on lâche rien et on reste !
Tahia Palestine 🇵🇸✊🏽 pic.twitter.com/UJj4LM4heU
— Collectif Sud Global (@Global_Sud) May 7, 2024
En Angleterre, des camps en plein air ont vu le jour dans les universités de Bristol, Leeds, Manchester, Newcastle et Sheffield. Les étudiants des universités d’Edimbourg et d’Aberdeen, en Ecosse, ont eux aussi installé des campements sur leur campus. En Allemagne, où la répression est particulièrement violente depuis plusieurs mois, une centaine d’étudiants ont installé un camp de tentes ce mardi matin à l’université libre de Berlin en solidarité avec la Palestine, avant d’être immédiatement délogés par la police. Depuis quelques jours, les étudiants de l’état espagnol se joignent aussi au mouvement international. À Barcelone, des centaines de jeunes ont entamé lundi un campement dans le bâtiment historique de l’université de Barcelone, une semaine après les étudiants de l’université de Valence. En plus des universités du Pays basque, l’université de Madrid a elle aussi rejoint la danse ce lundi.
Las universidades madrileñas se suman al movimiento de acampadas universitarias por #Palestina
Imágenes en directo desde Ciudad Universitaria (Universidad Complutense de Madrid)#FreePalestine #StudentsForGaza pic.twitter.com/5Ihe9tXVia
— IzquierdaDiario.es (@iDiarioES) May 7, 2024
Partout, les étudiants réclament la même chose : la fin des massacres à Gaza et la rupture des accords entre leurs universités et toute entreprise, israélienne ou non, finançant ces massacres et s’enrichissant sur la colonisation de la Palestine.
Le retour de mobilisations dans le monde arabe et au Proche-Orient
Les pays impérialistes ne sont cependant pas les seuls à connaitre des remous et un sursaut dans la mobilisation pour la Palestine. En Inde, cette question est directement liée à l’impérialisme américain, soutien principal du génocide en cours. Des manifestations ont eu lieu à la prestigieuse université Jawaharlal Nehru (JNU) de New Delhi, en solidarité avec les étudiants qui protestent à Columbia, et contre la visite prévue de l’ambassadeur américain en Inde, Eric Garcetti, qui a finalement été reportée. Au Liban, où les échanges de tirs quotidiens entre Tsahal et le Hezbollah auraient déjà fait plus de 300 morts depuis octobre, des centaines d’étudiants de la prestigieuse Université américaine de Beyrouth (AUB) ont organisé des manifestations de soutien à Gaza.
Au-delà des universités directement liées aux Etats-Unis, les mobilisations étudiantes ont également vu le jour au Proche-Orient. En Jordanie, malgré plusieurs arrestations, de nombreuses universités ont organisé des rassemblements en soutien au peuple Palestinien. Les étudiants de l’université de Ber Zeit en Cisjordanie ont eux aussi adopté le modèle de campements pour se joindre au mouvement international, qu’ils appelaient de leurs vœux en novembre dans un appel international à la mobilisation des étudiant-e-s contre la colonisation et le génocide, que nous avions relayé. Une mobilisation encore embryonnaire et d’avant-garde à l’échelle internationale mais qui montre la voie à suivre et qu’il s’agit plus que jamais d’élargir et de construire. De Columbia à Beir Zeït stop au génocide à Gaza ! Non à l’opération à Rafah !