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Répression à la SNCF

5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

Le conseil de discipline de Marion, cheminote poursuivie par la direction après avoir dénoncé des violences sexuelles subies sur son lieu de travail, s'est tenu hier à côté de Gare de l'Est. Si le licenciement n'est plus à l'ordre du jour suite à la mobilisation, la sanction arrêtée est toujours aussi inacceptable : 5 jours de mise à pied et un dernier avertissement qui pèsera pendant deux ans sur Marion. Une attaque scandaleuse de la SNCF qui réduit les victimes au silence.

Olive Ruton

17 avril

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5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

Crédit photo : Carol Aliso

Ce mardi avait lieu un rassemblement devant la Gare de l’Est en solidarité avec Marion, réprimée par sa direction suite à la dénonciation d’une agression sexuelle subie sur son lieu de travail. Après une enquête à charge par un cabinet privé à la demande de l’« Éthique » de la SNCF et une campagne machiste de rumeurs contre la victime, la sanction arrêtée en conseil de discipline est de 5 jours de mise à pied et un dernier avertissement qui pèsera sur elle pendant deux ans, ce qui la place sous menace de licenciement pour la moindre sanction. Si le licenciement a été finalement écarté pour Marion, suite à la mobilisation et à un dossier à charge et bourré d’incohérences, la sanction est toujours aussi inacceptable pour une personne ayant dénoncé une agression sexuelle, et qui se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés. Régis, le syndicaliste SUD Rail qui l’a défendue, passe quant à lui ce mardi en conseil de discipline et est toujours menacé de licenciement.

Devant le siège, à l’appel de SUD Rail, ce sont 300 personnes parmi lesquelles une délégation de collègues et camarades de Strasbourg, des militants des syndicats SUD Rail de différentes régions comme Metz, Nancy, Lille, ou encore de la région parisienne, ainsi qu’une délégation de militantes et militants de Révolution Permanente et du collectif féministe et LGBT Du Pain et des Roses. Jean René Delpine a ouvert les prises de parole pour le bureau fédéral de SUD Rail. Un mot d’ordre ce mardi matin : faire front contre la répression scandaleuse qui frappe une cheminote victime de VSS et contre les syndicalistes qui défendent au quotidien leurs collègues dans l’entreprise.

Vous êtes victime de VSS à la SNCF ? Taisez-vous ! 

Cette attaque contre Marion intervient dans un contexte où les violences sexistes et sexuelles sont loin d’être des cas rares et isolés dans l’entreprise, comme le dénoncent les travailleuses sur place. La décision de l’entreprise enfonce aujourd’hui une situation déjà bien ancrée et dont sont conscientes les cheminotes comme le rappelle Mathieu, syndicaliste SUD Rail en Alsace : « beaucoup de femmes se taisent parce qu’elles savent que ça peut nuire à leur carrière (…) et une fois sur deux c’est elles qui doivent aller dans une autre gare. Elles ne sont pas protégées, elles sont mises à l’écart ».

La sanction confirme cette politique de l’entreprise qui, par un dossier plein d’incohérences, a réussi à faire passer Marion « de victime à agresseur, et moi de témoin à menteur » comme le dénonce Régis qui l’a défendue depuis le début de l’affaire et a été témoin direct de l’agression. C’est ainsi que Marion écope de cette sanction remarquablement lourde, actée par un conseil de discipline composé de 3 délégués du personnel et de 3 cadres représentant la direction de l’entreprise, tous des hommes, ce qui en dit long sur la gestion de ces affaires dont la plupart des victimes sont des femmes.

Au-delà même des violences patriarcales, c’est la soumission à la précarité que subissent massivement les femmes dans le monde du travail que la direction de la SNCF cherche ici à imposer. C’est ce que Sasha, militante au collectif Du Pain et des Roses, est venue dénoncer : « ils peuvent se dire féministes tant qu’ils veulent, mais c’est un féminisme patronal. Qu’est ce qu’on s’en fout en réalité de combien de femmes il y a à la tête de cette entreprise quand on sait que la SNCF exploite à travers la sous-traitance les femmes immigrées, (…) qu’est ce qu’on s’en fout qu’ils se disent féministes alors qu’ils annoncent le 8 mars à Marion qu’elle est menacée de licenciement parce qu’elle a dénoncé une agression sexuelle qu’elle a subie au travail ».

Aucune confiance en la direction, les cheminots revendiquent le contrôle sur ces affaires

Face à cette nouvelle démonstration que la direction est prête à passer par tous les moyens pour réprimer les travailleurs qui se battent, jusqu’à utiliser la commission « éthique » de l’entreprise pour construire des dossiers à charge contre des syndicalistes, les cheminots entendent lutter pour mettre fin à ces instrumentalisations. Mathieu explique qu’une demande de concertation immédiate (DCI) a été déposée cette semaine pour exiger que la direction n’ait pas la main sur les affaires concernant le personnel, en particulier celles touchant aux violences sexistes et sexuelles : « Nous voulons la création d’une commission indépendante qui serait sous notre supervision, que nous gérerions, pour gérer nous-mêmes nos problèmes d’éthique dans la SNCF parce que nous n’avons pas confiance en eux ».

Fidèle à sa politique répressive et qui finit par condamner au silence les victimes, pour lesquelles elle a choisi de faire du cas de Marion un exemple, la direction a balayé cette revendication d’un revers de la main et déclarée être, sans surprise, satisfaite de la commission actuelle.

Construire la solidarité et la lutte face à la répression féroce du gouvernement et du patronat

Suite aux luttes de ces dernières années et en particulier de la bataille contre la réforme des retraites, on voit dans de nombreuses entreprises une vague considérable de répression syndicale avec des centaines de menaces de licenciement. Anasse Kazib, aiguilleur sur le site du Bourget et délégué SUD Rail, qui était convoqué le matin même au commissariat pour son soutien au peuple palestinien, rappelle que « le pouvoir, le gouvernement, le patronat » s’acharnent aujourd’hui à « essayer de broyer les militants politiques, syndicaux, associatifs, écolos, antiracistes ». A l’image de la participation du syndicat SUD Rail Alsace au collectif intersyndical contre la répression qui a fait sa première réunion dimanche 7 avril et qui regroupe plusieurs syndicats et collectifs, il devient urgent aujourd’hui de s’organiser et se coordonner face à la répression, pour arrêter de résister chacun dans son coin et de façon isolée face au patron.

La SNCF, après la lutte contre la réforme des retraites mais aussi dans le contexte de multiplication des grèves sectorielles à l’approche des JO, s’inscrit pleinement dans cette politique offensive d’intimidation des travailleurs. Le message à envoyer à la direction est clair : aucune attaque ne se fera sans une réponse des travailleurs qui affirment qu’ils continueront à se battre pour leurs conditions de travail, contre les violences patriarcales, et pour défendre chaque collègue réprimé.


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