Les premiers pronostics électoraux des scrutins au Bade-Württemberg, en Rhénanie-Palatinat et en Saxe-Anhalt confirment que l’instabilité politique de ces derniers mois ne va pas seulement perdurer, mais bien s’approfondir. Les partis de la “Grande Coalition” ont été puni dans les trois Landers : la CDU (ndt : Union Chrétienne-Démocrate, parti majoritaire dont est issue la chancelière allemande Angela Merkel) n’atteint même pas les 30 pour cent dans son bastion historique du Bade-Wurtemberg , le SPD (Parti Social-Démocrate) a perdu 10 points de pourcentage et ne réalise que le troisième score. En Saxe-Anhalt, la CDU au pouvoir et le SPD ne totalisent même pas 45% des suffrages ensemble. En Rhénanie-Palatinat, le SPD est le parti le plus important, grâce au recul de la CDU, cependant la formation d’un gouvernement, ne passera pas par l’établissement d’une coalition rouge-noire.
Le grand gagnant de cette soirée électorale est l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui profite du climat raciste et devient la troisième force politique au plan national – et même la deuxième en Saxe-Anhalt où elle est créditée de 24% des suffrages. Ainsi elle secoue le paysage politique et gêne la création d’un gouvernement. Le succès électoral de l’AfD est un séisme politique.
L’opposante interne à Merkel Julia Klöckner perd l’élection qu’elle semblait süre de remporter, tout comme Guido Wolf (compatible avec le « plan A2 » de Klöckners), tandis que l’un des principaux soutiens de la politique de la chancelière allemande, le vert Winfried Kretschmann, sort clairement renforcé de l’élection.
Le parti de la gauche, avec son plan de gouvernement-socialiste comme argument de campagne (avec « l’homme qui comprend les femmes », mou candidat principal en Saxe-Anhalt, et la présence du pape ainsi que d’Helmut Kohl sur leurs affiches électorales en Rhénanie-Palatinat) ne fait que perdre partout. Et le discours de Sarah Wegenknecht, figure du parti de gauche, sur « l’hospitalité » des réfugiés n’a fait qu’ajouter de l’eau au moulin de l’extrême-droite.
Ils n’ont pu se positionner nulle-part comme une réelle alternative à la politique déshumanisante du gouvernement et à la montée de la droite, et ont raté leur entrée dans le parlement régional d’Allemagne de l’Ouest, alors que leur ligne sociale-démocrate en Saxe-Anhalt – Où ils espéraient un gouvernement de coalition rouge-vert sous leur houlette – à été puni dans les urnes. Leur proximité avec l’établishment politique a fait leur perte. L’AfD a pu profiter de la participation massive et mobiliser une partie des mécontents dans la population.
La stratégie des réformistes et d’une grande partie de la gauche radicale « allez voter contre les droites », est clairement un échec. Le taux de participation électorale a progressé de 10 points en Saxe-Anhalt, et c’est l’AfD qui en a profité. Les tendances fascistes ne peuvent être repoussées avec un vague « démocratisme » bourgeois, mais bien seulement par une mobilisation anti-raciste et anti-capitaliste déterminée, dans les écoles, les universités et les entreprises. La grève nationale de l’école annoncée pour le 27 avril, contre le racisme, la guerre, les expulsions, et la précarité est une lueur d’espoir en ce sens.
Traduction : Rambert
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