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Argentine : Javier Milei prend ses fonctions et promet des attaques brutales contre les travailleurs

Ce dimanche 10 décembre, Javier Milei a pris ses fonctions en Argentine. Son investiture, son premier discours et les déclarations de sa garde rapprochée confirment la guerre de classe contre les travailleurs qu’il entend mener afin d'appliquer son programme ultralibéral.

Yann Causs

11 décembre 2023

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Argentine : Javier Milei prend ses fonctions et promet des attaques brutales contre les travailleurs

Crédit photo : Nicolás Posse, chef de cabinet, Luis Caputo, ministre de l’Économie, Javier Milei,

Ce dimanche, Javier Milei et Victoria Villaruel, sa vice-présidente nostalgique de la dictature, ont pris leurs fonctions en Argentine. Pour l’occasion, plusieurs personnalités internationales de droite et d’extrême-droite étaient présentes, telles que Jair Bolsonaro, ancien chef d’Etat du Brésil, le roi d’Espagne Felipe VI, Viktor Orban, le président hongrois, ou encore Santiago Abascal, dirigeant du parti espagnol d’extrême-droite Vox. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, ou encore Gabriel Boric, le chef d’Etat chilien, avaient également fait le déplacement pour assister à la cérémonie.

Pour son investiture, Milei promet l’austérité

Pour son premier discours, Javier Milei a voulu rompre avec la tradition argentine et imiter le modèle américain, en s’exprimant non pas devant le Congrès, mais sur les marches du parlement argentin devant la Plaza del Congreso. Ce choix était supposé le faire apparaître « face au peuple » plutôt que devant ce qu’il a appelé « la caste » tout au long de sa campagne. L’évènement a surtout mis en évidence l’hypocrisie du nouveau président d’extrême droite argentin et les difficultés importantes de son nouveau gouvernement. Devant une foule bien moins nombreuse que ne l’espérait son parti, La Libertad Avanza, Milei a annoncé un plan d’attaques brutales contre les travailleurs et la concrétisation d’une politique réactionnaire et répressive pour justifier un « choc » d’austérité et d’inflation.

Milei a de nouveau insisté sur le fait « qu’aucun gouvernement n’a reçu un héritage pire que celui que nous recevons », estimant « qu’il n’y a plus d’argent » dans les caisses, et agitant la menace d’une hyperinflation. Une rhétorique qui cherche à faire apparaître ses attaques comme incontournables et pour laquelle Milei mobilise l’expression de son idole Margaret Thatcher, affirmant « qu’il n’y a pas d’alternative à l’austérité, ni au choc ». S’il a promis durant sa campagne que l’austérité serait supportée par la caste et non par le peuple, ses récentes déclarations montrent sans surprise l’inverse : « l’autorité fiscale dans le secteur public national, contrairement au passé, pèsera presque entièrement sur l’État et non sur le secteur privé ».

En proposant un plan austéritaire de baisse de 5 points dans les dépenses publiques, le nouveau gouvernement prévoit des coupes monstrueuses dans l’éducation publique, la santé mais aussi sur les retraites et plus largement l’ensemble des services publics qui bénéficient aux travailleurs et à la jeunesse. Une promesse d’offensive qui s’est également concrétisée par la signature d’un décret réduisant le nombre de ministères de dix-huit à neuf quelques heures après son investiture.

Un rôle décisif pour l’ancien ministre de l’économie de Macri, Luis Caputo

Luis Caputo, le nouveau ministre de l’Economie, devrait annoncer ce mardi des premières mesures économiques précises. Ancien ministre emblématique de Mauricio Macri, responsable de la signature des accords de la dette historique contractée avec le Fonds Monétaire International en 2018, ce dernier est une pièce maîtresse de Milei dans le plan d’attaques brutales contre les travailleurs et a également été nommé dans le but de faciliter des alliances avec la « caste » politique argentine, indispensable pour assurer un gouvernement.

Nommés officiellement ce lundi matin tôt et à l’abri des regards de la presse, Caputo, et le chef de cabinet de Milei, Nicolas Posse, ont déjà vu leurs prérogatives élargies. Signe de leur importance politique pour Milei, un décret de Nécessité et d’Urgence (DNU) a été publié ce lundi au Journal officiel. Il prévoit d’élargir le champ de compétences des deux hommes, pour qu’ils puissent effectuer des coupes sur les services publics et « privatiser tout ce qui peut être privatisé » comme l’avait déclaré Milei.

Déjà passé du candidat soit-disant anti-caste à représentant de la caste pour assurer la viabilité de son gouvernement Milei a besoin de l’appui d’autres forces politiques. A cet égard, il n’a pas manqué dans son discours d’adresser un message aux différents secteurs du régime afin de les rassurer : « Nous accueillons à bras ouverts tous les dirigeants politiques, syndicaux et économiques qui souhaitent rejoindre la nouvelle Argentine. »

Enfin, Milei, dans son discours n’a pas oublié de menacer la classe ouvrière face aux potentielles mobilisations que ces attaques frontales pourraient provoquer : « Celui qui bloque les rues ne recevra pas l’assistance de la société : celui qui bloque ne reçoit pas de salaire. Ceux qui veulent utiliser la violence ou l’extorsion pour entraver le changement se retrouveront face à un président aux convictions inébranlables. Nous ne céderons pas, ne reculerons pas, ne nous rendrons pas, mais avancerons avec les changements dont le pays a besoin. ».

Après ce jour un de la présidence Milei, le gouvernement imprévisible du leader d’extrême-droite, et son projet austéritaire ultra-brutal doivent encore passer l’épreuve de la réalité. Le gouvernement de Milei est le plus faible de ces dernières décennies et le contexte de crise économique, sociale et politique historique, pourrait très vite le rattraper. Avec un discours d’investiture marqué profondément à droite et qui donne le ton du début de son mandat, difficile de croire que Milei pourra enthousiasmer longtemps une base sociale victime des conséquences de la crise économique et à laquelle il n’a rien d’autre à promettre que des mesures austéritaires, des privatisations massives et une politique réactionnaire et répressive. Malgré l’attitude passive, voire de collaboration immédiate que proposent déjà des secteurs de l’opposition péroniste et des bureaucraties syndicales, cette situation pourrait très vite provoquer des luttes sociales intenses dans les mois à venir.


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