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Attaque meurtrière

Attentat à Bruxelles : Paris et Stockholm instrumentalisent déjà le drame

Deux citoyens suédois ont été tués et un autre a été grièvement blessé après une attaque à l’arme automatique à Bruxelles. Un acte ignoble qui s'est déroulé en Belgique, et qui commence déjà à être instrumentalisé dans plusieurs pays européens, Suède et France en tête.

Tristane Chalaise

17 octobre 2023

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Attentat à Bruxelles : Paris et Stockholm instrumentalisent déjà le drame

Crédits photos : X/MarthaChe

Deux citoyens suédois ont été tués à l’arme automatique et un autre a été grièvement blessé à Bruxelles, lundi 16 octobre, en marge du match entre la Belgique et la Suède pour les qualifications à l’Euro 2024. L’auteur de l’attaque est un homme de nationalité tunisienne de 45 ans qui s’est présenté après les faits comme un membre de l’organisation État Islamique, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. D’après le parquet fédéral belge, la « motivation probable » du suspect est à relier aux autodafés du Coran qui ont eu lieu à Stockholm, capitale de la Suède, en août dernier. Face à ces meurtres terroristes que nous ne pouvons que condamner, nos pensées vont en premier lieu aux victimes et à leurs familles, frappées par cette terrible attaque.

En Belgique, le Centre de crise National a annoncé relever le niveau de menace à 4, soit le maximum, pour la Région de Bruxelles-Capitale. Le chef du gouvernement a dénoncé sur X/Twitter un « lâche attentat », avant de rendre hommage aux victimes et à leurs familles. Il a invité le premier ministre suédois à Bruxelles afin de « commémorer les victimes et de rendre hommages aux services de police », tout en insistant sur le fait que « le combat contre le terrorisme doit se faire dans l’unité ». Alexander de Croo dit aussi vouloir questionner les services de renseignement au sujet de la présence sur le territoire belge de l’auteur de l’attaque. Contrairement à ce qui s’était passé suite aux attentats de 2015, le gouvernement belge n’a pas mis en place de lockdown de la capitale, laissant ouvertes les écoles. Interrogé par la chaine RTBF, le bourgmestre de Bruxelles a toutefois annoncé vouloir « renforcer [les] services de police » dans la ville, et en particulier dans certains quartiers populaires. Alors que le Conseil National de Sécurité belge se réunit à 15h ce mardi, il évoque « une période fortement agitée, où il faut redoubler de vigilance », sous-entendant un nouveau renforcement sécuritaire.

Le premier ministre Suédois a quant à lui appelé les Suédois à « défendre nos propres valeurs » et annonce vouloir renvoyer toute personnes sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Il a parallèlement appelé l’Union Européenne à renforcer les contrôles à ses frontières extérieures. Des annonces qui s’inscrivent dans la continuité de la montée de l’extrême-droite dans le pays, où elle est aujourd’hui intégrée au gouvernement et représente la deuxième force politique, et qui rejoignent les mesures d’ores et déjà annoncée en France par Gérald Darmanin.

Le ministre français de l’intérieur s’est immédiatement saisi de l’affaire pour annoncer un renforcement des contrôles à la frontière franco-belge. En déplacement en Albanie, Emmanuel Macron a de son côté réagi dans le même sens : « Notre Europe est bousculée. Et l’évoquer ensemble montre [...] l’évidence de ce que vous êtes : des Européens de cœur, de langue, d’émotions, de culture, d’avenir ». La Première ministre Italienne d’extrême-droite, Giorgia Meloni, s’est jointe au concert pour condamner un « attentat » commis « au cœur de l’Europe ».

Face à ces appels du pied visant à inciter l’Union Européenne à renforcer encore ses mesures sécuritaires et contre l’immigration, à travers un discours raciste et islamophobe à peine voilé, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est pour l’instant contentée d’un tweet pour porter son soutien aux « familles des deux victimes de l’abject attentat », mais aussi son « soutien absolu aux forces de forces de police belges », réaffirmant que « Nous sommes unis contre la terreur ».

Un ensemble de déclarations qui vont dans le même sens et qui visent une logique de « front » guerrier et sécuritaire. Plus de policiers, de contrôle aux frontières et de stigmatisations, plus de moyens pour l’armée et la guerre : voilà la recette magique qu’ont trouvé, ces dernières années, les pompiers pyromanes de l’Union européenne pour assurer de nouvelles tragédies à l’avenir.

Alors que les différents gouvernements de l’Union Européenne comptent une nouvelle fois instrumentaliser ces actes d’horreur, il est urgent de réaffirmer que ni la surenchère sécuritaire, ni la stigmatisation des musulmans et des immigrés ne protégeront les populations de ces attaques terribles et meurtrières. Une surenchère qui, au contraire, alimentent une spirale infernale réactionnaire, qui, loin de nous protéger, menace d’enfermer nos vies dans la folie sécuritaire.

Loin de tout « front commun » avec les marchands de guerre, il faut rappeler que les politiques et les massacres impérialistes au Proche et Moyen-Orient ont non seulement fait des centaines de milliers de morts depuis que les États-Unis ont envahi l’Afghanistan et l’Irak, mais ont également créé les conditions du surgissement de phénomènes comme l’État Islamique. Contre les discours hypocrites visant à « faire front » contre le terrorisme au service du tout répressif et sécuritaire, la réelle lutte contre le terrorisme et ceux qui en font le terreau ne peut passer que par une lutte anti-impérialiste sur tous les plans. Celle-ci passe par la dénonciation des interventions militaires qui ont semé le chaos et sont devenues le terreau du terrorisme. Elle passe aussi par la dénonciation des politiques raciste et islamophobes, qui ne font que le nourrir.

Pour en finir avec la barbarie, l’urgence est à une politique radicalement différente, loin de tout front commun avec ceux qui instrumentalisent chaque drame pour alimenter la haine tout en prétendant lutter contre la violence, pour des conditions de vie dignes et contre la misère, et à la lutte résolue contre l’exploitation et les oppressions, notamment le racisme, la xénophobie et l’islamophobie.


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