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Guerre du pain

Au Soudan, la contestation grandit face à l’augmentation du prix du pain due à la guerre en Ukraine

Les protestations contre la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants ont déjà atteint l'Irak, l'Albanie et le Soudan, où le prix du pain a augmenté de 50% ce dimanche. La guerre en Ukraine a accéléré le processus inflationniste dans les pays qui dépendent des importations de produits alimentaires et d'hydrocarbures. Dans le cas du Soudan, les mobilisations appellent également à la chute du gouvernement militaire.

Juan Andrés Gallardo

22 mars 2022

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Ces derniers jours, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Khartoum, capitale du Soudan, et dans d’autres villes du pays, en raison de la colère grandissante suscitée par la flambée des prix de l’électricité, du carburant et du pain. Une colère renforcée par la contestation sociale à l’encontre du gouvernement militaire illégitime issu du coup d’État d’octobre dernier.

Un responsable du Programme alimentaire mondial des Nations unies a déclaré que près de la moitié de la population soudanaise était actuellement confrontée à une faim aiguë, une proportion qui a donc doublé en un an. Les prix des denrées alimentaires et d’autres biens essentiels sont susceptibles d’augmenter au cours d’une même journée au Soudan.

Le mouvement de protestation a pris un nouvel élan alors que les citoyens commencent à ressentir la crise provoquée par les fortes augmentations des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, tandis que la monnaie soudanaise a perdu un quart de sa valeur.

Dimanche, le prix du pain est ainsi passé de 35 à 50 livres soudanaises, soit cinq à sept centimes d’euro, et le coût du transport a augmenté de 50 %.

En outre, la semaine dernière, le gouvernement militaire a dévalué la monnaie locale à 610 livres soudanaises par rapport au dollar, ce qui ne fait qu’aggraver les conditions de vie et le pouvoir d’achat, qui s’est considérablement dégradé ces dernières semaines. Cela a suffi à multiplier les manifestations, qui font l’objet d’une sévère répression policière.

La marche de jeudi était la troisième et la plus importante de la semaine dans la capitale. Des manifestations ont également été signalées à Port-Soudan, Gadaref, Atbara, Nyala et ailleurs.

À Khartoum, les manifestants ont défilé à moins de 400 mètres du palais présidentiel, bravant une répression face à des soldats armés et des gaz lacrymos.

Ces mobilisations s’ajoutent à celles organisées plus tôt dans la semaine par des lycéens à Damazine, à 800 km au sud-est de Khartoum, et aux marches organisées à Atbara, à 250 km au nord de Khartoum, où les cheminots ont entamé samedi une grève qu’ils disent illimitée. « La situation est devenue insupportable : nous n’avons pas été payés depuis deux mois », a déclaré l’un d’eux à l’AFP.

Les manifestations au Soudan s’ajoutent à celles qui ont eu lieu ces derniers jours en Albanie et en Irak, qui ont toutes été déclenchées par les récentes augmentations des prix des carburants et des denrées alimentaires suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie (ces pays représentent ensemble près d’un quart des exportations mondiales de blé et sont également de grands exportateurs de maïs, d’orge et d’autres céréales sur laquelle repose une grande partie de l’alimentation mondiale).

Dans le cas du Soudan, il y a aussi des protestations contre le coup d’État militaire qui, en octobre dernier, a évincé du pouvoir le « gouvernement de transition » que les militaires avaient eux-mêmes formé avec des secteurs civils après les mobilisations qui, en 2018, ont mis fin à la dictature d’Omar el-Bechir.

Rappelons qu’après plusieurs décennies au pouvoir, Omar el-Bechir est tombé quelques mois après avoir annoncé une augmentation du prix du pain par trois, aggravant la misère sociale et les conditions de vie des soudanais.

Ce n’est pas pour rien que l’ONU met en garde contre une vague de famine mondiale accélérée par la guerre en Ukraine, et que des analystes prédisent une « guerre du pain », c’est-à-dire une nouvelle marée de soulèvements et de rébellions que certains n’hésitent pas à qualifier de « nouveau printemps arabe ».


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