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Racisme d'Etat

Belgique : un enfant noir de 9 ans plaqué au sol par un policier dans son école

Le 5 septembre dernier en Belgique, Mathis, 9 ans, était plaqué au sol par un policier après s'être mis en colère suite à des insultes racistes. Une scène d'une violence incroyable filmée par sa mère, désormais menacée de poursuites pour son « bashing » des policiers.

Sauvane Lemel

11 septembre 2023

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Belgique : un enfant noir de 9 ans plaqué au sol par un policier dans son école

Dans l’après-midi du mardi 5 septembre, dans la cour de récréation de l’école spécialisée de Ham-sur-Heure (Nalinnes), Mathis, 9 ans, subit des insultes racistes - « sale noir », « chocolat gratiné » - de la part d’un autre enfant sous les yeux du personnel enseignant et éducatif. Face à la passivité de ces derniers, l’enfant se met en colère. Une situation face à laquelle la direction de l’école ne va pas hésiter à appeler la police, qui s’empresse de brutaliser le garçon de 9 ans, en le plaquant contre le mur, mains dans le dos, puis en le plaquant au sol juste avant l’arrivée de la mère.

La scène a été filmée par la mère et diffusée ces derniers jours dans plusieurs médias belges. Sur la vidéo, particulièrement violente, on peut voir le très jeune garçon au sol, sous le poids d’un policier qui lui demande si « il est calme » avant de finir par le libérer. D’après l’enfant, lors de son plaquage au sol, le policier lui aurait dit : « Je veux que ta maman te trouve dans cette position », « comme ça, si elle arrive et fait sa maligne, je vais la plaquer aussi au sol » rapporte le média Bruxelles Dévie.

Alors que l’école se défend de façon scandaleuse, expliquant qu’elle ne pouvait procéder autrement pour calmer l’enfant, et revendiquant un traitement « bienveillant », la mère de Mathis, qui a filmé la scène et protesté contre le traitement que la police a fait subir à son fils, se retrouve désormais menacée de poursuites judiciaires par la police. Un responsable policier expliquait ainsi la semaine dernière à la RTBF : « La maman du mineur a décidé de filmer la scène et de faire ce qu’on appelle du bashing alors que les policiers ont simplement fait leur travail et fait un maximum pour préserver la sécurité tant de la direction à l’origine de l’appel que de l’enfant. » De son côté, le parquet de Charleroi a « a confirmé l’ouverture d’un procès-verbal pour indiscipline à la suite du comportement de l’enfant. »

Dans une interview donnée au média indépendant Bruxelles Dévie la mère décrit le traumatismede son fils : « Mathis, il est fort mais il est détruit [...] Il me dit « Maman, le policier est sur moi, quand je dors, je vois le policier qui est sur moi ». Un élément peu souligné dans la presse bourgeoise, qui s’est même permis d’ouvrir un débat sur la légitimité de cette violence. Jeudi dernier, la RTBF consacrait ainsi une émission de radio à la question : « Débat : Mathis, 9 ans, a été plaqué au sol par la police dans son école, ça vous choque ? », donnant la parole à de nombreux auditeurs revendiquant la violente intervention policière. Un traitement de l’affaire particulièrement raciste et nauséabond.

Si cet acte visant un enfant est particulièrement marquant, il s’inscrit dans une longue tradition de violences racistes d’État déshumanisant les personnes racisées dès leur plus jeune âge. A ce titre, difficile de ne pas évoquer les récents meurtres policiers en France sur des adolescents, qu’il s’agisse de [Nahel, 17 ans, abattu par la police à Nanterre-https://www.revolutionpermanente.fr/Je-te-tire-dans-la-tete-un-policier-tue-un-lyceen-de-17-ans-pour-refus-d-obtemperer-a-Nanterre] ou, très récemment de Sefa, 16 ans, Sefa, en état de mort cérébrale après avoir été percuté par la police dans les Yvelines.

De la Belgique à la France, il faut dénoncer et s’organiser contre le racisme d’État, qui ne fait que se durcir en temps de crise. De ce point de vue, le mouvement ouvrier et la gauche doivent s’exprimer clairement pour dénoncer ces violences, mais également s’organiser aux côtés des collectifs antiracistes face à la répression et aux violences policières.


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