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Bordeaux Montaigne. Des étudiant·e·s dénoncent l’omerta de la présidence face aux violences sexistes et sexuelles

Mercredi, un collectif d'étudiant•e•s en archéologie a publié un communiqué qui dénonce des cas de violences sexistes et sexuelles et leur gestion à l’Université Bordeaux Montaigne. De nombreuses organisations, dont le collectif Le Poing Levé, ont relayé ce communiqué et exigent une gestion des VSS indépendante de la présidence.

Le Poing Levé - Bordeaux

27 septembre 2023

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Bordeaux Montaigne. Des étudiant·e·s dénoncent l'omerta de la présidence face aux violences sexistes et sexuelles

Crédits photo : Wikimedia Commons

Mercredi 27 septembre, un collectif d’étudiant·e·s en archéologie a publié un communiqué qui dénonce des cas de violences sexistes et sexuelles (VSS) et leur gestion à l’Université Bordeaux Montaigne. Les étudiant·e·s d’archéologie se sont notamment organisé·e·s suite à un cas de VSS dans leur département, révélé par Sud Ouest dans un article daté du 19 mai 2023.

Les faits relayés dans l’article sont édifiants : 18 étudiantes, une maîtresse de conférence et une responsable administrative ont témoigné des propos « insistants » et « inappropriés » que leur adressait un enseignant de l’université sur les réseaux sociaux ou par messages privés. « "Tout le monde n’a pas la chance d’être aussi physiquement intelligente que vous", "c’est agaçant tant de beauté", "je n’ai jamais vu d’aussi beaux yeux que les vôtres", "six d’entre vous… les plus jolies" (concernant un montage de photos de plusieurs visages d’étudiantes), ou encore, une réflexion sur le décolleté d’une étudiante dans le cadre extra-universitaire… Ce sont autant d’exemples cités dans un rapport de la commission disciplinaire de l’université Bordeaux Montaigne publié le 1er février 2022 ».

Après avoir découvert ces témoignages, les étudiant·e·s d’archéologie se sont réuni·e·s à plusieurs reprises depuis la rentrée et ont impulsé un collectif. Dans son communiqué, le collectif dénonce la gestion de l’affaire par l’université « qui a reçu les signalements [mais] n’a pas tenu de communication directe avec ses étudiant·e·s, et encore moins avec les victimes présumées ». Il poursuit : « en tant qu’étudiant·e·s en archéologie, nous voulons nous réunir, nous mobiliser et demander à ce que la décision prise par l’université aille plus loin […] nous tenons à souligner le manque de prise en compte de ces abus par l’Université, au travers l’absence de communication et de réactivité de la part de l’Université Bordeaux Montaigne. ».

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De nombreuses organisations : Paye ta truelle, Le Planning Familial, MEUF, Nous Toutes, FSE, Du Pain et des Roses, Sexprimons Nous, Révolution Permanente, Le Poing Levé et Clasches, sont signataires du communiqué pour soutenir les revendications du collectif, appuyer l’auto-organisation des étudiant•e•s d’archéologie et pour lutter contre les VSS et l’ensemble des oppressions produites et reproduites par l’université. Or, plutôt que de se donner les moyens de les combattre, l’université Bordeaux Montaigne choisit de gérer ces violences dans l’opacité la plus totale, maintenant ainsi une omerta sur la question des cas de VSS dans les facs.

D’autant qu’à l’Université Bordeaux Montaigne, cette situation n’est pas un cas isolé. L’article publié par Sud Ouest détaille en effet que d’autres cas de VSS lui ont déjà été signalés par le passé, dont les étudiant·e·s n’ont pas non plus été informé·e·s : en archéologie d’abord, mais aussi dans les départements d’histoire et de philosophie. Par conséquent, les organisations étudiantes élues de l’Université Bordeaux Montaigne, Le Poing Levé et InterAsso, porteront une motion au Conseil d’Administration prévu vendredi 29 septembre, pour « exiger de la présidence la transparence sur l’ensemble des affaires de VSS connues à ce jour à l’Université, ainsi que sur l’état de traitement et de suivi de ces dernières, tout en garantissant le droit à la confidentialité et à l’anonymat des plaignant·e·s » comme l’explique Jahan Lutz, élu au CA pour la liste Le Poing Levé.

Mais pour garantir une véritable prise en charge ce type de violences, il va également falloir défendre la mise en place de commissions indépendantes des directions d’universités. Une revendication loin d’être effective à l’université Bordeaux Montaigne, puisque la présidence a nommé une membre de son équipe dans la section disciplinaire chargée de statuer sur les affaires de VSS. Au-delà de constituer un vice de procédure, la présence d’une membre de l’équipe présidentielle au sein de la section disciplinaire implique que les intérêts personnels et politiques de la présidence viennent s’insérer dans la gestion des cas et les décisions de l’instance.

Alors que la présidence de Bordeaux Montaigne a maintenu sous silence les cas de violences au sein de l’université, la mobilisation des étudiant·e·s du département d’archéologie pourrait à l’inverse être un premier pas vers l’instauration d’un organe indépendant de la présidence de l’université, élu et représentatif des étudiant·e·s, des enseignant·e·s et des personnels qui développe une politique d’accompagnement des victimes et de formation des étudiant·e·s grâce à des soignant·e·s et des intervenant·e·s. Une perspective que Le Poing Levé défendra au Conseil d’Administration et surtout, aux côtés des étudiant·e·s mobilisé·e·s.


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