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Mouvement étudiant

Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Après sept mois de mobilisation, les étudiants de l’UBM ont arraché à la présidence des premières garanties sur leurs revendications concernant la gestion des VSS à la fac. Cependant, après la signature de l’accord, la présidence tente de revenir sur l’indépendance de la cellule de gestion des VSS.

Yann Causs

17 avril

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Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Crédits photo : Révolution Permanente

Ce mardi midi, lors d’une nouvelle Assemblée Générale contre la gestion désastreuse des VSS à l’Université Bordeaux Montaigne, qui a réuni plus de 600 étudiants, enseignants et personnels, les lignes ont bougé et la mobilisation étudiante pensait remporter une première victoire. Après sept mois de mobilisation, la présidence s’engageait à créer une commission de gestion des VSS indépendante.

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Pourtant, cinq heures plus tard, cette dernière a envoyé un mail à l’ensemble des étudiants censé « résumer les mesures négociées avec les étudiants mobilisés » et ratifié plus tôt par les centaines de personnes présentes à l’Assemblée Générale. Le problème est que ce mail supprime la partie où la présidence s’engageait à garantir l’indépendance de la cellule, et réaffirme que les membres de la direction administrative continueront d’y siéger comme initialement.

Si la Présidence a voulu montrer une volonté de compromis avec les étudiants mobilisés, cette manœuvre honteuse, dans le dos des étudiants qui s’organisent en Assemblée Générale, réaffirme la profonde hypocrisie dont elle fait preuve depuis plusieurs mois pour tenter d’éteindre une mobilisation qui la remet en cause. Pour rappel, depuis octobre dernier, l’Université Bordeaux Montaigne, suite à des révélations dans la presse, était vivement contestée par les étudiants, les enseignants et le personnel en raison de sa mauvaise gestion de cas de violences sexistes et sexuelles (VSS).

Après plusieurs mois d’interpellations et de dénonciations de la part d’étudiants, des représentants étudiants élus dans les Conseils Centraux, d’organisations étudiantes, syndicales et féministes, sans réponses positives aux revendications, la mobilisation s’est radicalisée à la mi-mars. Des assemblées générales réunissant jusqu’à 400 étudiants ont alors eu lieu, avec des blocages de l’université.

Après un premier blocage le 26 mars, délogé le lendemain par plusieurs dizaines de policiers, l’université a été à nouveau mise à l’arrêt par les étudiants depuis le lundi 8 avril, contraignant la Présidence à évacuer l’établissement jusqu’à nouvel ordre. Ce mardi, plus d’une semaine après, les étudiants mobilisés, réunis lors d’une AG avec plus de 600 personnes, ont, dans un premier temps, accueilli avec enthousiasme la nouvelle que la présidence a cédé sur la principale revendication portée par le mouvement.

En effet, dans un document lu au début de l’Assemblée Générale, la présidence s’engage à garantir « l’indépendance de la cellule [...] [qui] va être revue dans sa constitution », mais également qu’il « n’y aura qu’une personnalité issue de la Présidence dans cette cellule : la référente égalité et discrimination ». Entre autres, la présidence s’engage également à embaucher des psychologues et personnels de la santé, ainsi que de mettre en place des formations sur les VSS obligatoires au sein de l’Université.

Si l’Assemblée Générale s’en est réjouie, elle a majoritairement voté plusieurs ajouts pour préciser certaines revendications. Notamment, l’AG a exigé que les étudiants ne soient pas simplement consultés pour la constitution de cette commission, mais qu’ils fassent partie prenante de la cellule de signalements et qu’ils aient un rôle décisionnaire dans leur mandat. De plus, par le rapport de force, les étudiants mobilisés ont acquis la constitution d’un groupe de travail pour suivre l’application de ces mesures. Les étudiants qui en feront partie seront votés lors de la prochaine AG de laquelle ils seront mandataire prévue ce vendredi à 12h30.

Ainsi acculée et mise sous pression, la présidence a été contrainte de reculer sur plusieurs points. Néanmoins, son message ouvertement mensonger à l’ensemble de la communauté universitaire sur les mesures négociées avec les étudiants mobilisés pour s’empresser d’annoncer le début du déblocage, démontre qu’il est impossible d’accorder un soupçon de confiance à la présidence. Alors que l’équipe présidentielle de Lionel Larré joue sa réélection dans les prochains jours lors des conseils d’administration à venir, qui vont trancher l’égalité parfaite des dernières élections avec la liste d’opposition d’Alexandre Péraud, pour la direction sortante, se donner une bonne image est une priorité.

Surtout, cette manœuvre de la présidence passe mal chez les étudiants mobilisés, et ce d’autant plus que la pression des examens se fait sentir. Lors de l’AG de ce mardi, le sentiment que la présidence pourrait faire payer le blocage avec les examens s’est rapidement diffusé et fait entendre. Alors qu’une réponse est encore attendue sur les possibilités d’assouplir les modalités d’évaluation, notamment du contrôle continu, l’AG de vendredi va être centrale pour, d’une part, faire respecter les mesures telles qu’elles ont été ratifiées en Assemblée Générale, avec l’indépendance de la cellule de gestion des VSS, et, d’autre part, obtenir la garantie qu’aucun étudiant ne redoublera pour s’être mobilisé.


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