Le 19 mars dernier, le groupe des Républicains au Sénat a présenté une proposition de loi particulièrement réactionnaire visant à interdire toute transition de genre pour les mineurs, y-compris simplement sociale, et à promouvoir les thérapies de conversion en tant que « traitement » de première intention pour les mineurs trans. Une proposition de loi particulièrement réactionnaire visant à installer progressivement un climat transphobe en France, sur le modèle de ce qu’on a vu aux États-Unis ou au Royaume-Uni, avec des conséquences désastreuses pour les conditions de vie et pour leurs droits démocratiques les plus élémentaires des personnes trans.
Aujourd’hui, plus de 800 personnalités et organisations politiques, associatives ou syndicales ont signé un appel publié dans Politis à se rassembler dans de nombreuses villes de France le 5 mai prochain pour signaler leur opposition à toute campagne politique transphobe en France. Suite au premier appel du collectif Du Pain et Des Roses, des rassemblements sont attendus un peu partout en France, de Quimper à Marseille en passant par Toulouse, Havre et Montpellier. Cette première échéance pourrait permettre d’impulser une dynamique nationale afin de faire front face aux offensives transphobes. La première AG convoquée à Paris sur la question a rassemblé la semaine dernière plus de 150 personnes, dont une grande partie ce sont des nouveaux militant-es non-organisé-es. De la même manière, de nombreuses personnes partout en France cherchent à canaliser leur inquiétude dans l’action.
Texte de la tribune :
Appel aux rassemblements partout en France le 5 mai : Attaques contre les droits trans et reproductifs : n’attendons plus, faisons front !
En France LR, RN, Reconquête, des grands médias et des maisons d’édition prennent pour cible la communauté trans. La proposition de loi des sénateurs du parti Les Républicains contre les mineurs trans coïncide avec la sortie d’un livre haineux, Transmania, promu par l’ensemble de l’extrême-droite politique. Les réactionnaires cherchent à installer dans le débat public l’idée que les personnes trans sont un danger : pour les enfants, pour la société et pour elles-mêmes.
Ces dernières années en France, la droite et l’extrême-droite ont pris pour cible des organisations de défense des droits des femmes et des minorités de genre, à l’instar des attaques contre le Planning Familial, auxquelles s’est associé le gouvernement. Si les attaques contre les "wokistes", les trans et le prétendu lobby LGBT à l’école étaient relativement annexes dans la rhétorique de l’extrême-droite et étaient portées majoritairement par une petite communauté des militantes anti-trans, ce sujet prend de l’importance dans le contexte des élections européennes.
La droite et l’extrême-droite entendent mener cette offensive également sur le terrain législatif. L’année dernière, le parti Les Républicains a lancé un groupe d’enquête sénatorial en y invitant les pires "experts" transphobes qui prônent les thérapies de conversion pour les personnes trans mineures et adultes ainsi que l’interdiction des transitions pour les enfants trans. Ce groupe d’enquête a produit un rapport et un projet de loi déposé au Sénat proposant d’interdire la transition médicale et sociale aux mineurs, de renforcer le contrôle psychiatrique sur les enfants trans et de punir par des peines de prison allant jusqu’à deux ans les médecins qu accompagnent les jeunes trans. Un projet de loi similaire a été déposé par le Rassemblement national à l’Assemblée. Leurs premières cibles sont les mineurs, mais ils ne s’arrêteront pas là. Le rapport des LR parle déjà d’interdire toute transition pour les personnes majeures de moins de 25 ans, une mesure en phase avec les projets de loi en discussion ou déjà adoptés aux Etats-Unis. Leur logique revient en fin de compte à interdire toute possibilité de transition, qu’importe l’âge.
Elles s’inscrivent dans une offensive internationale coordonnée de la droite et de l’extrême-droite contre le droit à disposer de son corps, visant de façon conjointe les droits reproductifs et les droits des personnes trans, en réponse aux quelques maigres droits trans conquis au début du siècle dans certains pays et à la nouvelle vague féministe. Pour ne citer que deux exemples, aux États-Unis, le Parti Républicain a interdit l’avortement dans 14 états sous son contrôle et en parallèle a interdit toute transition pour les personnes trans mineures dans 23 états. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche fait planer la menace des restrictions fédérales de l’IVG et des droits trans aux Etats-Unis. En Russie, l’État de Poutine a interdit toute transition médicale et administrative pour les personnes trans avant de déclarer la communauté LGBT comme "extrémiste". Ce même gouvernement menace d’arrêter le remboursement des avortements dans l’hôpital public, d’interdire l’avortement dans les cliniques privées et s’attaque actuellement à la contraception.
Ces attaques arrivent au Royaume-Uni, au Québec, en Italie, en Norvège, en Finlande, en Suisse... Il est évident que l’offensive anti-trans sera un des axes majeurs des réactionnaires dans les mois et années à venir. Nous ne nous faisons pas d’illusion sur la préoccupation de la droite et l’extrême-droite pour la santé des enfants. En réalité, leur objectif est de renforcer la division sexuelle en s’attaquant aux droits des jeunes trans et en maintenant par ailleurs les mutilations des enfants intersexes. Leur objectif est de créer un énième "ennemi intérieur" pour diviser les opprimés entre eux, à l’heure d’une nouvelle crise du système capitaliste.
Il y a urgence d’une réponse d’ensemble du mouvement social, féministe et LGBTQI+ à ces attaques. La question des droits reproductifs (avortement, contraception, PMA) et des droits liés à la transition sont indissociables puisqu’ils relèvent de la revendication historique de nos mouvements sur le droit à disposer librement de son corps : ils doivent être défendus de façon conjointe.
Pour mener cette lutte contre les réactionnaires et l’extrême-droite, nous savons que nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement qui leur pave la voie et qui utilise cyniquement les droits des femmes et des personnes LGBT pour se présenter comme progressiste. Alors que c’est ce même gouvernement qui détruit les services publics, annonce le réarmement démographique en Hexagone et mène des politiques de contrôle démographique coloniales comme à Mayotte, où il incite les femmes à se faire stériliser.
Face à ces attaques contre le droit à disposer de son corps, il faut une riposte unitaire, et de forger des alliances par en bas, à l’échelle nationale, y compris pour pouvoir épauler les collectifs féministes et trans se trouvant isolés et plus exposés aux attaques de l’extrême-droite. Nous appelons toutes les organisations féministes, LGBT, antiracistes, antifascistes, politiques et syndicales à signer cet appel et à organiser des rassemblements partout en France le 5 mai en défense du droit à disposer librement de son corps. Et au-delà du 5 mai, nous appelons à construire et à poursuivre la mobilisation dans les prochaines semaines et mois afin de mener une véritable campagne nationale étendue dans la durée.
Nous réclamons :
majeures et mineures
à l’IVG, aux transitions et à la contraception.
par les travailleurs-es de l’éducation, de la santé
Premiers signataires
Act Up Paris
Act Up Sud Ouest
Adèle Haenel, comédienne
Alex Ramirès, comédien
Alice Coffin, conseillère de Paris, membre de l’Eurocentralasian Lesbian Community
Alice et Moi, artiste
Alice Pfältzer, @je.suis.une.sorciere, créatrice de contenus, militante et autrice
Alma Dufour, députée
Aloïse Sauvage, artiste
Amandine Gay, réalisatrice, autrice
Anaïs Bourdet, féministe
Andréa Bescond, réalisatrice, actrice
Anna Toumazoff, présentatrice radio
Anasse Kazib, cheminot et porte parole de Révolution Permanente
Annie Ernaux, écrivaine
Axelle Jah Njiké, autrice afropéenne, podcasteuse, documentariste et dramaturge
Bettina Zourli, autrice
Bi/pan Paris
Bilal Hassani, artiste
Blanche Sabbah, autrice de BD & Activiste féministe
Bonnie Banane, artiste
Camille & Justine, vidéastes
Camille Froidevaux-Metterie, philosophe
Carolina Gonzalez - La Carologie, vidéaste, activiste
Caroline De Haas, militante féministe
Cédric Le Gallo, réalisateur
Charlotte Pudlowski, journaliste
Chloé Delaume, autrice
Claire Touzard, écrivaine et journaliste
Clémentine Autain, députée (LFI-Nupes)
Clémentine Labrosse, censored magazine
Collages Féminicides Paris
Daria Marx, militante féministe
Les Dévalideuses
Douce Dibondo, écrivaine
Du Pain et des roses
Elisa Koubi, coordinatrice du STRASS, ex coprésidente de l’Inter-LGBT
Elise Thiébaut, autrice
Elvire Duvelle-Charles, autrice et journaliste
Emma Clit, autrice
Enora Malagré, comédienne / journaliste
Espace Santé Trans, association de promotion de la santé des personnes trans
Fatima Daas, autrice
Felix maritaud, artiste
FLIRT - Front Transfem
Florent Manelli, auteur et illustrateur
France•tv pour tou•te•s (FTV Pride)
La France Insoumise
FURAX
Ginger Bitch, drag queen
Gouinement Lundi, média féministe lesbien, bi, trans
Giulia Foïs, journaliste
Grace Ly, autrice
Inverti·es
Irene, autrice et militante féministe
Iris Brey, autrice, réalisatrice
Jeanne Added, musicienne
Jeune Garde
Juliet Drouar, auteur
La Briochée, drag queen et comédienne
La France Insoumise
La Kahena, drag queen
Lalla Rami, artiste ou auteure-compositrice-interprète
Laura Nsafou, autrice
Lauren Bastide, journaliste, autrice
Laurent Micheli, réalisateur
Les soeurs de la perpétuelle indulgence
Lou Trotignon, humoriste trans
Le Coin des LGBT+
Les Écologistes - EELV
Lexie Agresti (Agressively Trans)
Louisadonna, chanteuse
Lou Trotignon, humoriste trans
Luz Volckmann, poétesse
Mai Hua, réalisatrice
Mains Paillettes
Manifesto XXI, media queer et féministe
Manon Bril, vulgarisatrice et vidéaste
Marie Laforêt, photographe et autrice
Marie de Brauer, humoriste
Marine Baousson, humoriste
Marine Tondelier, secrétaire nationale Les Ecologistes - EELV
Mcdansepourleclimat, techno activiste
Mécréantes, autrice
Mélanie Vogel, sénatrice
Moon, artiste
Morgan Noam
Mouvement Pride des Banlieues
Nadia Daam, journaliste, autrice
Nosig Centre LGBTQIA+ Nantes
Nos Enfants Trans
Nous Toutes
Nouveau Parti Anticapitaliste
Océan, auteur, réalisateur
Organisation de Solidarité Trans
PAINT
Paloma, comédien et drag queen
Paul B. Preciado, philosophe, écrivain et chercheur
Pénélope Bagieu, autrice
Philippe Poutou, porte parole du NPA
Piche, artiste
Piu Piu, good sisters
Le Planning familial
Le Poing levé
Pomme, autrice compositrice interprète
Poulpe, artiste
Pourquoi devenir féministe, fondatrice
Queer Education
Rebecca Amsellem, essayiste, Les Glorieuses
Representrans
Révolution permanente
Riposte antiraciste
Rose Lamy, autrice
Sandra Lucbert, écrivaine
Sandrine Rousseau, députée écologisteSaphia Aït Ouarabi, militante antiraciste
Sarah Schulman, romancière
Sasha Yaropolskaya, militante à Du pain et des Roses
Soa de Muse, artiste
SOS homophobie
STRASS, syndicat du travail sexuel
Sud Educ 93
Tahnee, humoriste
Tal Madesta, militant, écrivain
Taous Merakchi, écrivaine
Thomas Piet, romancier
Titiou Lecoq, autrice
Transat
Tristan Lopin, comédien
Tsedek
Union syndicale Solidaires
Urgence Homophobie
Vanessa Springora, autrice/éditrice
Victoire Tuaillon, journaliste
VIKKEN, artiste et DJ
Vincent d’Eaubonne, dégoupilleur de matrimoine
Violette Cordaro, militante
Virginie Despentes, écrivaine
Wendy Delorme, autrice, et proche concernée
XY Media