×

Sports

Islamophobie. Pécresse suspend les aides aux clubs de basket dont les joueuses portent le voile

69 clubs de basket ont récemment réclamé la révision des règles anti-voile en compétition. En réaction, Valérie Pécresse s'est illustrée par son islamophobie en suspendant ses aides à ces clubs de basket.

Cléo Rivierre

12 octobre 2023

Facebook Twitter
Islamophobie. Pécresse suspend les aides aux clubs de basket dont les joueuses portent le voile

Crédits photos : TITULAIRES, le documentaire

Vendredi dernier, un groupe de 69 clubs de basket, dont 65 d’Île-de-France, adressait une lettre à la Fédération française de basket, demandant un changement dans les règlements qui interdisent le port du voile en compétition, comme relayé par France Bleu. Une pétition sur change.org appuie cette demande : « Des centaines de sportives musulmanes qui décident de porter le couvre-chef sportif subissent la même humiliation, la même invisibilisation chaque week-end », peut-on lire dans le texte accompagnant la pétition. En réponse, la région Île-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, s’est illustrée par son islamophobie en suspendant ses aides à ces clubs de basket qui réclamaient le droit au port du voile.

La pétition explique ce qui a motivé la demande portée par l’association Basket-Ball pour Toutes : « Cela fait 17 ans que je fais du basket-ball et aujourd’hui on m’empêche de jouer parce que je porte un couvre-chef sportif. Je m’appelle Hélène, j’ai 22 ans et j’ai commencé le basket-ball à l’âge de cinq ans, dans un petit club de région parisienne. Déjà petite, je savais qu’en tant que fille, j’allais devoir me battre pour prouver que je méritais ma place sur un terrain. Mais je n’aurais jamais cru, quinze ans plus tard, devoir me battre ne serait-ce que pour avoir le droit d’y poser un pied. Parce qu’aujourd’hui, la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB) m’interdit de jouer avec mon couvre-chef de sport, pourtant conforme aux normes d’hygiène et de sécurité. (…) Depuis l’été 2022, je me rends en match les week-ends un nœud au ventre, sans savoir si je vais pouvoir jouer. Je dois renoncer à ma passion parce qu’on me force à choisir entre mes libertés fondamentales ou la pratique du sport. Cette saison, je ne pourrai participer à aucune rencontre officielle puisque l’on force des arbitres à appliquer un règlement qu’ils désapprouvent. Des centaines de sportives musulmanes qui décident de porter le couvre-chef sportif subissent la même humiliation, la même invisibilisation chaque week-end. Les clubs perdent des effectifs, des équipes sont amenées à disparaître faute de joueuses et c’est tout le championnat féminin qui en subit les conséquences. (…) Nous ne voulons pas de décisions contre-productives, qui visent spécifiquement et exclusivement les femmes musulmanes qui portent un couvre-chef, qui les stigmatisent, qui les humilient et qui freinent la pratique féminine. »

Comme l’explique Hélène, la pratique féminine du sport est souvent rendue complexe par de nombreux obstacles, et l’islamophobie institutionnelle fait partie de ces obstacles spécifiques aux femmes musulmanes. Récemment, le port du voile dans les compétitions sportives a été particulièrement attaqué. En juin dernier, le Conseil d’État rendait sa décision suite à la saisie du collectif Les Hijabeuses et maintenait l’interdiction du voile dans les compétitions organisées par la Fédération française de football (FFF). Fin septembre, c’est la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, qui annonçait que « les représentants de nos délégations dans nos équipes de France ne porteront pas le voile » lors des Jeux Olympiques de 2024. Ainsi, dans la droite lignée de l’acharnement du gouvernement contre les femmes musulmanes, Valérie Pécresse répond par un tour de vis répressif à la demande des clubs de basket : la région Île-de-France a décidé « de suspendre les aides aux clubs concernés et demande un cadre national pour proscrire les "couvre chefs sportifs" », selon les propos rapportés par France Bleu, qui ajoute : « concrètement, les clubs visés voient leurs aides supprimées pour "le soutien aux sportifs de haut niveau, à l’achat de minibus, les chèques sports ou encore en faveur de la formation des bénévoles" ».

Cette politique répressive ne s’arrête pas là. Après que Valérie Pécresse ait qualifié la demande des clubs au droit du port du voile de « tentatives de déstabilisation islamistes », dans la continuité du gouvernement qui tente de faire passer toute revendication de liberté religieuse pour du fondamentalisme, c’est le vice-président chargé des sports, Patrick Karam, qui a pris le relai, déclarant : « je le répète à nouveau, pas un euro d’aide indirect qui passe par la Ligue de basket Île-de-France ne doit aller aux clubs qui ont signé cette lettre. Ni pour la formation, ni pour la pratique. Les clubs signataires doivent être marginalisés. Aujourd’hui, soit ces clubs font marche arrière, soit c’est le couperet ! », toujours selon France Bleu. Le journal ajoute que « des clubs dont le nom apparaît ont déjà fait marche arrière et ont retiré leur signature », montrant l’efficacité de ce chantage à coup de subventions et d’accusations d’islamisme pour faire taire toute revendication de liberté concernant les signes d’appartenance religieux. Un acharnement islamophobe initié et renforcé par le gouvernement, qui vise spécifiquement les femmes musulmanes ou assimilées comme telles et qui s’étend à tous les secteurs de la société, de l’interdiction des abayas à l’école aux port du voile en compétition sportive voire même à l’université.


Facebook Twitter
« Transmania » chez les réactionnaires : que faire face à l'offensive transphobe ?

« Transmania » chez les réactionnaires : que faire face à l’offensive transphobe ?

8 mars : non, le collectif Nous Vivrons n'avait rien à faire dans la manifestation !

8 mars : non, le collectif Nous Vivrons n’avait rien à faire dans la manifestation !

Education sexuelle à l'école : le nouveau terrain de jeu de l'extrême-droite

Education sexuelle à l’école : le nouveau terrain de jeu de l’extrême-droite


Affection de longue durée : l'offensive du gouvernement menace les personnes trans et séropositives

Affection de longue durée : l’offensive du gouvernement menace les personnes trans et séropositives

Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

Bordeaux Montaigne : la mobilisation proche de la victoire sur la gestion des VSS après 7 mois ?

MeToo Hôpital. Des travailleuses de la santé dénoncent les violences sexistes et sexuelles au travail

MeToo Hôpital. Des travailleuses de la santé dénoncent les violences sexistes et sexuelles au travail

Tribune. Les soutiens d'un État génocidaire n'ont pas leur place dans nos luttes féministes !

Tribune. Les soutiens d’un État génocidaire n’ont pas leur place dans nos luttes féministes !

Acharnement : l'État porte plainte contre une lycéenne qui avait dénoncé une agression islamophobe

Acharnement : l’État porte plainte contre une lycéenne qui avait dénoncé une agression islamophobe