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Censure pro-Israël

L’AFP pro-Palestine et antisémite ? L’agence de presse attaquée par le Sénat lors d’une audition

Pointée du doigt pour un supposé antisémitisme et un parti pris pro-palestinien dans son traitement médiatique de la guerre dans la bande de Gaza, l'AFP a été sommée de s'expliquer devant le Sénat.

Jackson Leniwy

17 novembre 2023

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L'AFP pro-Palestine et antisémite ? L'agence de presse attaquée par le Sénat lors d'une audition

Accusée d’un biais pro-palestinien dans son traitement de la guerre depuis le 7 octobre dernier, l’agence France Presse (AFP), l’une des trois principales agences de presse au monde, a été sommée de s’expliquer par le Sénat. Son PDG, Fabrice Fries, accompagné de son directeur de l’information, Phil Chetwynd, ont été auditionnés ce mardi par la commission de la culture, de l’éducation et de la communication de la chambre haute. Plus d’une heure de questions de la part des sénateurs pour justifier le traitement de l’information par l’AFP : c’est un véritable interrogatoire en forme de coup de pression contre l’agence de presse auquel on a assisté.

La charte de l’AFP dans le viseur

Deux points en particulier ont déclenché la vindicte des sénateurs : l’utilisation des chiffres publiés par le ministère de la Santé de Gaza, administré par le Hamas, et le refus de l’agence d’utiliser le terme « terroriste ». « Les chiffres partagés par les autorités administratives du Hamas sont considérés comme fiables par l’ONU et les ONG qui travaillent sur place. Ils sont très détaillés, on a des noms de famille. Ils ne sont pas énormément contestés par les autorités israéliennes », s’est défendu Phil Chetwynd face à la première accusation. D’autant que ces données sont toujours sourcées comme provenant de ladite organisation.

Pour ce qui est de qualifier les actes du Hamas de « terroristes », le débat avait déjà fait rage dans les jours qui ont suivi les massacres du 7 octobre. Mais en ce qui concerne l’AFP, la question est tranchée depuis plus de vingt ans. De la même manière que ses concurrents Reuters et Associated Press, cette dernière a fait le choix dans sa charte de ne jamais employer ce qualificatif, laissant ensuite la liberté à chaque média reprenant ses informations d’exprimer les faits à sa manière.

« Tout ce qu’on a décrit dans le sud d’Israël, dans les kibboutz, est décrit avec des mots qui rendent absolument clair que c’est atroce, pose Phil Chetwynd. Le mot terroriste n’apporte absolument rien à nos descriptions. Ce qu’on privilégie toujours, c’est de raconter ce que l’on voit. »

« Le “sud global” ne reconnaît pas le Hamas comme organisation terroriste. Ça compte, insiste Fabrice Fries, relancé une énième fois sur le sujet en fin d’audition. Donc on dit “le Hamas, qui est reconnu comme organisation terroriste par l’Union européenne, les Etats-Unis, Israël, etc”. Mais où est le problème ? Les médias sont assez grands pour faire ce qu’ils veulent derrière ! D’ailleurs pour les médias, ce n’est pas un sujet. » Et le PDG de conclure, via un parallèle avec les attaques perpétrées en France début 2015 : « Lors des attentats de Charlie sur notre sol, le débat était tranché en ce sens et il n’y a pas eu de polémique. Donc pourquoi est-ce qu’il y en aurait une aujourd’hui ? »

Des explications qui n’auront pas empêché les sénateurs de se déchaîner, le PDG de l’AFP dénonçant : « si la plupart des critiques en France évoquent un biais propalestinien, certains n’ont pas hésité à faire de l’agence un vecteur de la montée de l’antisémitisme », une accusation qu’il a jugé « grave et infamante ».

Une pression politique scandaleuse contre une agence de presse

Que le Sénat se permette de convoquer une agence de presse aussi traditionnelle que l’AFP témoigne de l’ampleur de l’offensive médiatico-politique en cours depuis le 7 octobre. Alors que sur l’ensemble des plateaux TV ou presque, depuis plus d’un mois, on assiste à une véritable frénésie pro-Israël, donnant lieu à des discours ignobles légitimant les massacres ou visant les musulmans, ne pas s’aligner entièrement sur les réquisits de l’État d’Israël conduit à être convoqué au Sénat.

Des pressions politiques alors que, dans la bande de Gaza, l’offensive d’Israël touche durement, voire tue, les journalistes. Une situation qu’a également subi l’AFP, dont les sept journalistes ont dû fuir vers le sud du territoire, quelques jours avant que l’immeuble abritant les locaux de l’agence ne soit touché par les frappes israéliennes. « Nos journalistes et leurs familles – au total cela représente 70 personnes – sont dans une situation très difficile dans le sud de Gaza. Nous avons évacué nos bureaux à Gaza City il y a deux semaines, car ils sont dans la zone où Israël a demandé à tout le monde de fuir », précise encore Phil Chetwynd.

Une situation à laquelle vient s’ajouter désormais les pressions politiques du régime. Une nouvelle étape dans la répression à laquelle on assiste ces dernières semaines contre les manifestations de solidarité avec la Palestine, les organisations solidaires de la Palestine ou les militantes palestiniennes comme Mariam Abu Daqqa, qu’il faut dénoncer très largement.


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