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Course à l'armement

Menaces de réquisitions : le gouvernement met la pression pour accélérer la production d’armes

Mardi, le ministre des Armées a annoncé de possibles réquisitions pour contraindre les industriels à accélérer la production d'armes. Une annonce qui s'inscrit dans la campagne guerrière des macronistes, qui préparent en même temps des attaques austéritaires historiques.

Raji Samuthiram

27 mars

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Menaces de réquisitions : le gouvernement met la pression pour accélérer la production d'armes

Crédit photo : Youtube/ Conférence de presse du ministère des Armées

« Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l’armement (DGA) de faire, c’est-à-dire, si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisation. » Ce mardi soir, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a lancé des menaces en direction du patronat de l’armement avec un objectif clair : les pousser à produire plus d’armes et de munitions, afin d’accélérer les envois d’armes en Ukraine mais également l’armement national.

Une nouvelle étape dans le discours et le projet militariste de la macronie, qui a mis la guerre au centre du débat et des européennes. Les réquisitions pourraient concerner « des personnels, des stocks ou des outils de production », et le ministre pourrait imposer des « stocks minimaux » aux industriels. Comme le note l’AFP, « Lecornu pourra exiger des entreprises ou des sous-traitants qu’ils accordent la priorité à la commande militaire face aux besoins civils », une possibilité ouverte par la dernière loi de programmation militaire de juillet 2023, qui a accordé un budget historique de 413 milliards d’euros à l’armée.

En matière de soutien à l’Ukraine, Lecornu vise particulièrement la fabrication d’obus de 155 millimètres et des moyens de défense sol-air, ainsi que le doublement des livraisons de bombes planantes AASM, de 600 à 1 200 entre 2024 et 2025. Jusqu’ici, la France a livré 30 000 obus de 155 millimètres à l’Ukraine. Elle envisage de passer à la production de 100 000 unités rien que pour 2022 - dont 20 000 pour l’armée française - puis 150 000 à partir de 2025. 78 canons Caesar, produits par Nexter et Arquus, devront être envoyés d’ici la fin de l’année. En janvier, la France ne pouvait en financer que douze. Pour arriver à ces fins, une nouvelle usine de poudre sera ouverte à Bergerac, en Dordogne.

La France joue actuellement un rôle central dans la course mondiale à l’armement : récemment, pour la première fois, elle s’est hissée au deuxième rang de la vente d’armes dans le monde. Si l’Ukraine devrait être le premier client des commandes liées à l’accélération de la production, celles-ci devront également servir les missions françaises, notamment dans la mer Rouge, où la marine française intercepte régulièrement des missiles et drones tirés par les Houthis vers les alliés d’Israël.

Après le vote symbolique d’un accord bilatéral de sécurité entre la France et l’Ukraine, la déclaration de Lecornu confirme la volonté du camp présidentiel de se placer en avant-garde du camp de la guerre à l’occasion des élections européennes. Une politique militariste financée avec des milliards d’argent public qui retombe dans les poches des industriels de l’armement, alors que le gouvernement prépare une sévère cure d’austérité contre les travailleurs, la jeunesse et les classes populaires.

Dans ce contexte, le mouvement ouvrier doit reprendre l’offensive. A l’heure où Macron annonce des attaques contre les chômeurs et la Sécu, et où l’escalade guerrière annonce de grandes catastrophes, il faut construire une riposte en France et à l’international. Seule une mobilisation unie des travailleurs, au-delà des divisons de nationalités et de secteurs, peut briser l’élan guerrier et permettre d’imposer un programme ouvrier alternatif à leurs perspectives de misère et de mort.


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