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Tradition familiale

Oudéa-Castéra : son mari PDG de la Société Générale a menti pour protéger l’évasion fiscale

En 2016, la Société Générale était largement citée dans le scandale des Panama Papers. Pourtant, son PDG, Frédéric Oudéa, avait juré dans une audition au Sénat en 2012 que la banque n’avait plus d’activité dans les paradis fiscaux. Depuis sa femme est devenue ministre de l'Education et poursuit la culture du mensonge.

Joël Malo

16 janvier

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Oudéa-Castéra : son mari PDG de la Société Générale a menti pour protéger l'évasion fiscale

Frédéric Oudéa, PDG de la Société Générale, en 2021

Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et désormais de l’Education Nationale, fait tâche depuis le remaniement de Macron. Son mensonge sur la raison du placement de ses enfants dans un lycée privé catholique intégriste fait enfler la polémique. Depuis, tout le monde s’intéresse à la ministre et à son entourage. Elle est en famille avec tous les éditocrates de ce pays : Alain Duhamel, Nathalie Saint-Cricq, Benjamin Duhamel. Mais elle est également mariée à Frédéric Oudéa, actuel président de Sanofi et ancien PDG de la Société Générale.

En 2016, celui-ci s’était fait épingler dans le cadre des Panama Papers, ce scandale financier qui avait révélé l’existence de plus de 200.000 sociétés offshore domiciliées au Panama. De nombreux chefs d’Etat du monde entier (Russie, Chine, Syrie, Qatar, France, Royaume-Uni etc.) et leurs familles pratiquaient ainsi du blanchiment d’argent et de la fraude fiscale. En France, du PS au FN tout le monde est concerné ainsi que des grands patrons comme Patrick Drahi (Libération, SFR). La Société Générale était particulièrement visée puisqu’elle contrôlait, par sa filiale luxembourgeoise, plus de 200 sociétés offshore pour le compte de ses clients au Panama en 2012. Au final, les Panama Papers révèlent la création de près de 1000 sociétés offshore panaméennes par la Société Générale entre 1977 et 2015.

Problème, en avril 2012, Frédéric Oudéa, déjà PDG de la Société Générale était auditionné par une commission au Sénat. Les yeux dans les yeux et la main sur le cœur, le mari de la future ministre de l’Education affirmait alors que la Société Générale n’avait plus d’activités au Panama : « La Société générale a fermé ses implantations dans les pays qui figuraient sur cette liste grise, mais aussi dans ceux que désignait la liste des États non coopératifs, c’est-à-dire en pratique, pour nous, à Panama. Toutefois, nous avons été au-delà et avons décidé de fermer également nos implantations dans les Etats qui ont été qualifiés de centres financiers offshore, c’est-à-dire pour nous, les Philippines et Brunei. Dans ces deux pays, nous n’exerçons plus d’activité et attendons maintenant l’autorisation du régulateur local pour entériner ces fermetures. »

Panique à bord à la Société Générale. Frédéric Oudéa est de nouveau convoqué devant le Sénat en mai 2016, où il maintient sa version : « Laisser penser que le groupe Société générale serait au cœur de l’évasion fiscale est une information erronée et injustifiée ». Pendant ce temps, en coulisse la banque fait le ménage en urgence, après avoir été perquisitionnée en avril 2016 lors de la publication des fichiers. Les enquêteurs du fisc ne semblaient pas penser qu’il était « erroné » de penser que la Société Générale était au cœur d’un trafic d’évasion fiscale.

Plusieurs associations et élus ont alors appelé à ce que Frédéric Oudéa soit condamné pour parjure devant le Sénat, une peine passible de 5 ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. Par chance, le bureau du Sénat estimait le 26 mai 2016, « qu’il n’y avait pas lieu de saisir la justice » estimant que les propos de Frédéric Oudéa comportaient seulement « une part d’ambiguïtés » sans être « susceptibles d’être qualifiés de faux témoignages ».

Un blanchiment express qui n’a lavé qu’en surface puisque la Société Générale, aux côtés d’autres banques, a été de nouveau perquisitionnée en mars dernier pour de nouveaux soupçons de « fraude fiscale aggravée ».

A l’heure des révélations des Panama Papers, Alain Duhamel (propagandiste infatigable de la bourgeoisie depuis de Gaulle !) s’enthousiasmait au micro de RTL que cette affaire permette de « mesurer la réalité et l’ampleur des dérives du capitalisme financier », craignant en même temps le danger de la « méfiance » populaire vis-à-vis des élites. Voilà qui a dû faire bien rire lors du repas de famille payé avec l’argent sale de la Société Générale.

S’il est une chose à retenir, c’est bien que la famille Oudéa-Castéra-Duhamel fait figure de référence dans l’art du mensonge et de l’hypocrisie. Performance d’autant plus spectaculaire qu’elle est réalisée à la télé, sans trucage ni honte et en toute décontraction, une vraie leçon de sport. C’est peut-être à cette activité si particulière que l’on s’exerce dans les écoles privées de l’élite où Amélie Oudéa-Castéra et Frédéric Oudéa ont placé leurs enfants.


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