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Mois des fiertés

Pride à Marseille : pour une marche des fiertés contre le gouvernement et sa police !

Après le meurtre de Nahel par la police, alors que Macron met l’offensive sécuritaire au cœur de son opération de communication à Marseille. Contre l’instrumentalisation de nos droits par le gouvernement, la répression et la précarisation de masse, manifeste avec Du Pain et des Roses et d’autres organisations et collectifs dans le cortège radical le 1er juillet dans la Pride marseillaise.

Raji Samuthiram

30 juin 2023

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Pride à Marseille : pour une marche des fiertés contre le gouvernement et sa police !

Crédits photo : Révolution Permanente

Cette semaine, Macron a visité Marseille, suivi de près d’un important dispositif policier, pour présenter le plan « Marseille en grand » visant à promouvoir de nouvelles mesures sécuritaires. Pour lui, comme pour les élus locaux qui l’ont chaleureusement accueilli et qui maintenant s’affichent en partenaires de la Pride de Marseille, cette semaine devait marquer un tournant : après la bataille des retraites, passons à « l’apaisement ».

Un apaisement qui n’a pas duré longtemps, puisque le meurtre de Nahel par la police a réveillé une colère profonde dans de nombreux quartiers populaires du pays et des centaines de personnes ont manifesté et se sont affrontés à la répression brutale ce jeudi soir à Marseille.

Une Pride sous le signe des violences policières et de l’offensive sécuritaire du gouvernement

Aujourd’hui, nous partageons la douleur de la famille de Nahel, comme celle des proches d’Alhoussein, lui aussi tué par la police dans le cadre d’un contrôle routier à Angoulême. On se souvient du meurtre de Souheil el-Khalfaoui, tué par la police à Marseille il y a presque deux ans, dans des circonstances similaires.

Pendant que les familles des victimes de meurtres policiers racistes sont en deuil, Macron déroule son plan pour Marseille qui, derrière un vernis « social » hypocritement tourné vers les écoles et le logement, vise à renforcer l’appareil répressif : création d’une nouvelle compagnie de CRS 8 pour la ville et d’une task-force interministérielle pour « lutte contre les caïds » associant douanes, fisc, PJ, URSAFF et PP13 ; dotation de 200 000 euros pour la police judiciaire et arrivée de nouveaux enquêteurs notamment « pour traquer les dealers sur les réseaux sociaux »...

Une Pride marquée par l’offensive LGBTI-phobe de la droite et de l’extrême droite

En parallèle, nous assistons partout en France à une décomplexion croissante des attaques LGBTI-phobes de l’extrême droite, avec récemment l’attentat au cocktail explosif contre le centre LGBT de Tours, et de nombreuses agressions et intimidations de qui ont émaillé les manifestations tout au long de ce mois des fiertés.

Si des membres du gouvernement Macron ont dénoncé certaines de ces attaques, il faut rappeler que c’est sa propre surenchère sécuritaire et raciste, notamment autour des offensives anti-immigration, qui nourrit ce climat réactionnaire. C’est ce gouvernement qui avait introduit les attaques contre militants LGBTI et anti-racistes avec les premières sorties sur le « wokisme », posant les jalons pour le RN aujourd’hui qui a lancé une association parlementaire transpartisane anti-LGBTI contre le « poison wokiste ».

Face au pinkwashing du gouvernement et de la mairie de Marseille

Avec le mois des Fiertés, le gouvernement entend poursuivre ses coups de com’ pour cacher sa violence avec des paillettes, tentant de séduire une jeunesse politisée sur les droits des femmes et des LGBTI. C’est à coup de coming-out de ministres, ou encore avec l’annonce d’un nouveau « plan contre la haine anti-LGBT » qu’il tente de se donner un vernis de progressisme. Or, ce plan consisterait principalement à « mieux sanctionner les auteurs » de violences, notamment via « un renforcement de la formation des policiers et gendarmes ». Des annonces qui viennent s’ajouter à celle du doublement du budget du FLAG, l’association des policiers et gendarmes LGBT. Une nouvelle illustration du projet répressif du gouvernement.

De son côté, la mairie de Marseille n’est pas en reste. Le maire PS de la ville Benoît Payan a accueilli Macron et ses ministres en grande pompe, en chantant les éloges du « seul non-Marseillais à comprendre la ville » selon lui. « Malgré nos différences politiques, on arrive à s’entendre pour Marseille », a-t-il déclaré. Ce jeudi, alors que le gouvernement à envoyé le RAID réprimer la jeunesse qui se révolte, la mairie s’est empressée de condamner les violences.

Quelques jours après la visite de Macron, la mairie ainsi que la région, le département, et la métropole s’affichent en partenaires de la Pride de Marseille. Mais il n’y a aucune fierté à soutenir un gouvernement qui nous réprime et agite le spectre « wokiste » pour mieux enchaîner les attaques anti-pauvres avec la réforme du RSA et du chômage, mais aussi la loi immigration et l’opération Wuambushu.

Pas de justice, pas de paix : la nécessité d’une réponse féministe par en bas

Nous, personnes LGBTQI, avons été nombreux·ses à lutter aux côtés des travailleur·ses pendant la bataille des retraites, à investir les piquets de grève et les AGs dans nos facs. Nous avons également subi les violences policières qui ont déferlé dans toute la France face à la contestation sociale. Cette violence, c’est celle d’une même police qui assassine les personnes racisées comme Zineb, Souheil et aujourd’hui Nahel, qui réprime les grévistes comme à Verbaudet, et qui agresse sexuellement des manifestant·es dans les commissariats.

Nous ne sommes pas dupes du vernis « social » de ce gouvernement, et nous refusons que Marseille soit le laboratoire pour le renforcement de l’appareil répressif qui tue dans les quartiers. Pour nous, la Pride n’est pas à dissocier du contexte politique actuel, hostile aux personnes queers et profondément marqué par la violence d’État face au mouvement social des derniers mois. Si nous avons investi ces luttes, ce n’est pas uniquement sur la question de nos retraites qui nous touchera en premier lieu, mais aussi pour bien plus : pour des moyens massifs dans les services publics pour garantir le droit à l’avortement, à la PMA et à la transition pour toutes et tous ; pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour la fin des violences policières !

Militant·es queers, féministes, et anti-racistes, à rebours de la stratégie de l’intersyndicale qui a mené le mouvement contre la réforme des retraites à la défaite, nous pensons qu’il est possible de gagner avec une stratégie à la hauteur des attaques. Le mouvement social nous a démontré que les travailleur·se· en grève étaient en mesure d’imposer un rapport de force conséquent contre le gouvernement et le capital.

Pour nous, ce mois des fiertés doit être une occasion d’afficher la lutte des classes comme perspective de bataille pour le droit des travailleur·ses mais aussi contre toutes les oppressions. Que nous soyons jeunes, LGBTI, précaires, nous devons suivre la voie de nos camarades LGBTI si nombreux·ses à avoir investi les piquets de grève pendant ce mouvement, et nous devons nous appuyer sur ces acquis pour construire le plus large rapport de force face aux politiques antisociales, racistes et sexistes de ce gouvernement.

C’est le projet que nous défendons avec Du Pain et des Roses, collectif féministe et anti-raciste de Révolution Permanente, en portant la lutte contre les oppressions dans une perspective anti-capitaliste et révolutionnaire. Pour nous, la Pride n’est pas une finalité mais doit être une occasion de s’organiser pour augmenter le rapport de force avec le gouvernement et faire valoir nos luttes contre les oppressions.

Rejoignez-nous, ainsi que les autres collectifs et organisations signataires d’un appel commun pour une Pride anti-raciste et anticapitaliste, lors de plusieurs échéances cette semaine :

  • Jeudi 29 juin à 20h30 pour une soirée de soutien aux AED en grève avec Ultra Tombe à l’Intermédiaire, 63 pl. Jean Jaurès
  • Vendredi 30 juin à 18h30 pour un atelier banderoles à la Plaine
  • Samedi 1er juillet dans le cortège radical, départ à 13h30 au métro Jules Guesde. Il y aura un char pour les enfants.

Dimanche 2 juillet à 17h à Mille Babords, 61 rue Consolat 13001, retrouvez Du Pain et Des Roses pour une réunion publique afin de discuter des bilans du mouvement contre la réforme des retraites et préparer la suite !


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