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Palestine

Procès en complicité avec le « terrorisme » : soutenons LFI et le droit à défendre la Palestine

Depuis samedi, la France Insoumise est ciblée par une campagne de la majorité de la classe politique et des médias, qui l’accusent d’antisémitisme et de « complicité » avec le terrorisme. Une offensive qui vise à criminaliser tout soutien à la cause palestinienne.

Erell Bleuen

11 octobre 2023

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Procès en complicité avec le « terrorisme » : soutenons LFI et le droit à défendre la Palestine

Crédits photo : The Left - Flickr

Depuis l’offensive du 7 octobre en territoire israélien dirigée par le Hamas, la majorité de la classe politique française, qui s’est immédiatement rangée derrière l’État d’Israël, mène une campagne acharnée à l’encontre de La France Insoumise. A l’origine de cette cabale, le refus par le mouvement de s’aligner sur le discours gouvernemental faisant du soutien inconditionnel à Israël la seule position acceptable.

Une offensive inaugurée par Elisabeth Borne dès le lendemain des attaques, qui dans un discours prononcé à l’occasion du campus de rentrée de Renaissance, fustigeait les positions du mouvement, présentées comme étant « bien connues, avec beaucoup d’ambiguïté, avec de l’antisionisme, donc en effet, c’est parfois une façon aussi de masquer une sorte d’antisémitisme ».

Cette rhétorique a depuis été largement reprise et amplifiée par la majorité de la classe politique, de l’extrême-droite de Marine Le Pen qui expliquait sur CNEWS que « La France Insoumise a définitivement choisi le camp antirépublicain » aux élus LR et Renaissance qui ont demandé la dissolution du mouvement au gouvernement pour « apologie du terrorisme », en passant par les députés socialistes qui ont qualifié la position de LFI de « dégoûtant[e]  » et profité de l’occasion pour questionner leur maintien dans la NUPES.

Une unité nationale anti-LFI largement relayée dans les médias, qui multiplient les articles à charge contre la France Insoumise : « communiqué de la honte » selon l’Express, « La France Insoumise réactive les soupçons d’antisémitisme à l’extrême-gauche » pour La Croix, « La France Insoumise perçue comme plus dangereuse que le RN selon un sondage » publie en une de son site internet le Figaro mercredi…Une offensive qui est même allée jusqu’aux menaces physiques, à l’instar d’Enrico Macias, qui a expliqué mardi soir sur la chaîne d’extrême-droite CNEWS que la France Insoumise était « complice » du Hamas et qu’il fallait « dégommer ces gens-là (…) peut-être aussi physiquement ».

Une vaste offensive pour criminaliser toute position de soutien, même partielle, des Palestiniens et attaquer notre droit à faire de la politique

Samedi, le groupe parlementaire avait dénoncé dans un communiqué « l’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est » et expliqué son refus de reconnaître le Hamas comme une organisation terroriste.

Pour cause, le mouvement qualifie les actes du Hamas de « crimes de guerres » et se rattache aux définitions du Conseil des Nations-Unis, « qui considère comme groupes terroristes Al-Qaïda et Daech » comme l’expliquait Manuel Bompard, interrogé sur le sujet ce mercredi matin sur France Info. Une position qui revient à considérer le Hamas comme un groupe belligérant opérant dans une guerre, et qui est d’ailleurs loin d’être propre à la France Insoumise.

Par exemple, Jean-Paul Chagnollaud, universitaire et spécialiste du Moyen-Orient, défend lui aussi l’emploi du terme de « crime de guerres ». Mardi soir, il expliquait à ce propos sur Mediapart : « En Europe, tout le monde se précipite avec ce registre extrêmement simpliste mais malheureusement efficace qui consiste à dire que c’est [Israël] une démocratie qui est attaquée par les islamistes, ça n’a rien à voir […] On est dans un schéma de guerre entre peuples, pas de criminels qui viennent assassiner des jeunes à Paris ou ailleurs ».

En d’autres termes, parce que la France Insoumise ne découpe pas l’offensive palestinienne dirigée par le Hamas du contexte dans laquelle elle se situe, à savoir 75 ans de colonisation de l’État d’Israël sur les Palestiniens, elle se retrouve désormais accusée de « complicité de terrorisme » et d’antisémitisme. Et cela quand bien même la position de la France Insoumise se limite à réclamer « une paix juste et durable » par l’interpellation des institutions internationales comme l’ONU et tend à mettre sur un pied d’égalité l’Etat d’Israël et la résistance palestinienne.

Difficile alors de ne pas voir ce qui motive la campagne médiatique et politique contre LFI et la reprise de l’amalgame habituel entre antisionisme et antisémitisme : une volonté de criminaliser tout soutien, même partiel, à la cause palestinienne.

Aussi, les attaques actuelles contre la France Insoumise s’inscrivent dans une offensive plus large contre toutes les organisations qui expriment une solidarité en direction du peuple palestinien, ce dont témoignent l’annonce par le ministre de l’Intérieur mardi soir du lancement d’une enquête contre le Nouveau Parti Anticapitaliste pour « apologie du terrorisme », mais aussi les menaces de dissolution à l’encontre d’autres organisations comme le Collectif Palestine Vaincra, Révolution Permanente, l’Union Juive Française pour la paix, ou encore les interdictions systématiques de manifestations et rassemblements en soutien à la Palestine.

Face à la tentative de l’État d’utiliser la situation pour attaquer nos droits démocratiques à nous organiser, faire de la politique, nous réunir et manifester, il y a urgence à opposer un bloc le plus large possible au gouvernement. Soutien à la France Insoumise, au NPA, faisons front !


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Erell Bleuen

@Erellux

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