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Extrême-droite hors de nos facs !

« Squat des nèg**s » : des tags d’extrême-droite visent les mineurs isolés à Paul Sabatier

Alors que la présidence de l’université Paul Sabatier (Toulouse) s’acharne à expulser une centaine de mineurs isolés étrangers qui occupent un bâtiment désaffecté, l’extrême-droite en profite pour cracher son venin raciste. Contre les politiques xénophobes, il faut faire front !

Le Poing Levé


et Anouk Warnier

12 décembre 2023

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« Squat des nèg**s » : des tags d'extrême-droite visent les mineurs isolés à Paul Sabatier

Cette semaine, des tags racistes ont été inscrits dans plusieurs bâtiments de l’université Paul Sabatier (Toulouse), visant notamment les mineurs étrangers isolés qui occupent depuis un an le bâtiment 4R3 désaffecté et les étudiant.es maghrébin.es et turc.que.s. Accompagnés d’une croix celtique, symbole de ralliement néofasciste, et revendiqués d’après nos recherches par un militant de Furie Française, ils ont rapidement été recouverts par les militant.es du Poing Levé.

L’un de ces tags fait référence aux mineurs isolés étrangers menacés d’expulsion par la présidence de la fac à partir du 21 décembre. Il s’adresse à « Monsieur le président de l’université des sciences de Toulouse », Jean-Marc Broto, et demande l’expulsion des jeunes en ces termes : « Faites-nous dégager ce squat occupé par des nègres. Libérez-nous le bâtiment du 4R3 cours Rosalind Franklin. » Ce tag nauséabond vise également les organisations syndicales du personnel et des étudiant.e.s et les associations qui soutiennent les jeunes : « Ce sont des immigrés politisés par l’extrême-gauche et ils n’ont rien à faire ici ! Qu’ils aillent ailleurs ! »

De Broto à l’extrême-droite : deux versants d’une séquence marquée par la xénophobie

Ces tags racistes sur la fac s’inscrivent dans une séquence marquée par la prise de confiance de groupes d’extrême-droite, qui profite du contexte xénophobe pour étaler leur idéologie nauséabonde. A échelle nationale, l’extrême-droite surfe sur l’offensive raciste et autoritaire du gouvernement entre criminalisation du soutien à la Palestine, dissolution d’organisations antifascistes et loi immigration, et à Paul Sabatier, les identitaires se sentent décomplexés par l’acharnement de la présidence de la fac qui associent les jeunes du 4R3 à des « nuisances ».

Un acharnement qui s’est traduit par de plusieurs offensives contre les mineurs isolés étrangers, entre diffusions de mensonges, coups de pression et multiples demandes d’expulsion. Et à l’image du tag raciste qui vise les jeunes et leurs soutiens « d’extrême-gauche », Jean-Marc Broto n’hésite pas à s’en prendre également aux organisations syndicales. En effet, les avocats de l’université ont associé les rassemblements des organisations syndicales et associatives en solidarité avec les jeunes à des « troubles à l’ordre public » qui légitimeraient d’autant plus l’expulsion. Une rhétorique qui fait écho aux campagnes médiatiques des membres du gouvernement, de la droite et de l’extrême-droite contre le prétendu « islamo-gauchisme », qui visent en réalité à criminaliser les étrangers et les organisations du mouvement social.

Un des autres tags racistes prétexte la prétendue neutralité de l’État pour justifier l’expulsion : « L’université dépend de l’État et doit rester apolitique (souligné) ». Un argument utilisé en permanence par la présidence de la fac qui se déresponsabilise en se cachant derrière les institutions dont le rôle serait de prendre en charge les mineurs isolés étrangers. Une hypocrisie totale, puisque ce sont ces mêmes institutions, notamment le Conseil départemental, qui met ces jeunes à la rue.

D’autant plus que ces tags interviennent dans le cadre de la campagne des élections étudiantes, auxquelles une liste d’extrême droite se présente : l’UNI, dont les militants ont fait campagne pour Éric Zemmour et sont actifs dans des groupes identitaires. Face aux tentatives de l’extrême-droite de faire exister ses idées réactionnaires sur la fac, il faut opposer un front large des organisations syndicales du personnel et étudiantes ainsi que des associations qui soutiennent les jeunes, pour rappeler que l’extrême-droite n’a rien à faire dans nos universités !

Contre le racisme et l’extrême-droite dans nos facs : poursuivons la mobilisation !

Dans cette perspective, il faut renforcer la mobilisation contre l’expulsion des mineurs isolés étrangers du collectif AutonoMIE. Un mouvement de solidarité qui se poursuit et qui a regroupé près de 300 personnes devant le bâtiment administratif de l’Université Paul Sabatier le 6 décembre dernier. Les collectifs d’étudiants et de personnels de la fac (dont Le Poing Levé, Solidaires étudiant-e-s, la CGT Ferc-Sup, le NPA, le MCJF et le SNTRS-CGT) ainsi que de nombreux étudiants ont répondu au rendez-vous appelé par le collectif AutonoMIE.

Un rassemblement qui a été l’occasion de dénoncer l’acharnement de la présidence de la fac. En effet, les jeunes avaient obtenu l’annulation de leur expulsion devant la justice en début d’année après une première mobilisation, mais la présidence de l’université a démontré sa détermination à envoyer la police sur le campus pour mettre des adolescents à la rue en plein hiver. Cette menace d’expulsion s’ajoute à la longue chaîne de violences de xénophobie d’État que subissent les jeunes et qui les condamne à des conditions de vie difficiles et précaires.

Alors que la présidence de la fac mène une campagne d’affichage hypocrite appelée « L’université agit » contre les discriminations sexistes et racistes, elle applique dans le même temps une politique xénophobe qui favorise l’apparition de ces comportements. Les tags violents appelant Jean-Marc Broto à ce que ces jeunes se fassent « dégager », revendiqués par l’extrême droite, montrent la réalité de la politique de l’université : une ligne raciste qui s’attaque sans relâche aux plus vulnérables et qui renforce les idées scandaleuses de l’extrême droite.

Il est impératif qu’un mouvement de soutien large s’organise, non seulement sur l’université, mais aussi à l’échelle de ville pour répondre à ces menaces d’expulsion des jeunes qui sous-entendent l’envoi de la police sur la fac. Un mouvement qui passe notamment par la lutte contre les politiques racistes et contre l’extrême-droite désinhibée par la politique de la présidence, ainsi que le renforcement du comité de soutien aux jeunes pour s’opposer à leur expulsion, et scander haut et fort que la police et l’extrême droite n’ont rien à faire dans nos facs !


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