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Crise sociale

Enfants à la rue à Toulouse : rassemblement en soutien aux réquisitions d’écoles ce mercredi à 17h !

À Toulouse, les parents d'élèves et enseignants du collectif « Jamais sans toit dans mon école » continuent de se mobiliser pour le relogement des 330 enfants à la rue et leurs familles. Rendez-vous ce mercredi à 17h square Saliège pour les soutenir !

Oscar Renard

23 janvier

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Enfants à la rue à Toulouse : rassemblement en soutien aux réquisitions d'écoles ce mercredi à 17h !

Crédit photo : Révolution permanente

Après avoir ordonné une série d’expulsions avant l’été, la préfecture et la mairie de Toulouse ont décidé de laisser plus de 330 enfants et leurs familles dormir dans le froid de l’hiver. Face à cette situation des enseignant.es du primaire et des parents d’élèves s’organisent. Rassemblé.e.s au sein du collectif « Jamais sans toit dans mon école » ayant lancé dès le 20 novembre dernier un mouvement de réquisitions d’écoles, ils et elles ont entrepris d’occuper quatre nouveaux établissements toulousains : après Didier Daurat, Calas-Dupont et Simone Veil, les écoles Françoise Héritier, Elsa Triolet, Michoun et Bonnefoy rejoignent le mouvement afin d’héberger les élèves à la rue et leurs familles. « Après avoir épuisé tous les recours légaux possibles, sans résultats : appel au 115 pendant des semaines, cagnottes pour financer des locations, hébergements chez des particuliers, les réquisitions sont devenues la seule solution à la hauteur de l’urgence et de la gravité de la situation », explique le collectif.

Enseignant·e à Michoun, Camille* nous rapporte que la réquisition de son école a permis d’héberger deux familles, l’une comptant des enfants âgés de 0 à 9 ans, et l’autre comptant un enfant de 6 ans. À ce jour, la mairie et la préfecture refusent de prendre en charge le dossier de la seconde famille, avançant notamment le prétexte selon lequel l’âge de l’enfant serait « trop élevé », pour que cette famille soient considérée comme prioritaire pour obtenir un logement. « Avec les membres du collectif, nous étions choqués de constater que la situation de la famille avec l’enfant de six ans n’était pas considérée comme prioritaire. Je ne vois pas pourquoi la priorité dans l’obtention du logement devrait être limitée aux familles ayant un enfant de 3 ans », dénonce Camille.

Un combat voué à se poursuivre jusqu’à l’obtention de solutions stables pour les familles : « Vu la position de la mairie, la fin de l’occupation n’est pas encore envisagée », annonce l’enseignant·e. Si la mairie et la préfecture ont été contraintes de proposer des solutions pour certaines familles sous la pression de la mobilisation, rien n’est garanti à ce jour : comme expliqué dans le dernier communiqué du collectif, « certaines familles ont été hébergées dans des hôtels 115 ou dans des foyers d’accueil d’urgence, mais que deviendront-elles après la trêve hivernale ? Nous revendiquons des solutions d’hébergement pérennes ».

Mais la violence sociale ne s’arrête pas là : dès les premières réquisitions d’écoles en novembre dernier, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc avait annoncé des « mesures disciplinaires » à l’encontre des enseignants mobilisés. Au lendemain des vacances de Noël, la directrice de l’école élémentaire Simone Veil, ayant pris part aux réquisitions, était ainsi convoquée au rectorat. Une convocation destinée à intimider le collectif : « malgré la menace des sanctions demandées par la maire, malgré cette convocation individuelle pour mettre la pression, face à l’organisation collective, le rectorat ne trouve rien à nous reprocher » peut-on lire dans le dernier communiqué.

N’ayant pas réussi à briser la solidarité par la répression, la mairie maintient une pression quotidienne sur les écoles réquisitionnées en cherchant à agiter la question de la prétendue « insalubrité » des occupations : « Des agents passent très régulièrement, voire plusieurs fois par semaine les matins avant le début des cours, faisant pression sur les agents d’entretien pour surveiller l’occupation, alors que ces derniers s’organisent avec les enseignants pour que tout se déroule correctement », explique Camille. Dresser les travailleur.ses les un.e.s contre les autres au sein de l’école, une tactique de division bien rodée, que la préfecture et les présidences d’université toulousaines ont récemment employé pour expulser les occupations des mineurs isolés étrangers (MIE) au sein des universités du Mirail et de Paul Sabatier.

Une politique offensive de la part de Jean-Luc Moudenc qui s’inscrit dans l’orientation antisociale et raciste que le gouvernement a choisi de mener contre les familles les plus pauvres, qui sont souvent immigrées : en plus de la multiplication des expulsions sur ordre des préfectures, des coupes budgétaires inédites sur le plan de l’hébergement d’urgence et de la casse des services publics qui viennent s’ajouter au chômage et à la précarité de masse, la loi immigration vient parachever l’offensive contre les secteurs les plus précaires de la population. Désormais, les étrangers résidant en France devront justifier deux ans et demi de travail pour avoir accès aux allocations familiales, au DALO (Droit Au Logement Opposable) ou encore à l’allocation personnalisée d’autonomie. Les étrangers visés par une OQTF seront quant à eux directement privés d’hébergement d’urgence et condamnés à vivre dans les pires conditions. Alors que le nombre d’enfants à la rue a augmenté de 20% pour la seule année 2023, ces nouvelles dispositions ne peuvent que laisser présager une augmentation drastique du phénomène.

Ce mercredi, le collectif soutenu par plusieurs associations appelle à se rassembler devant la préfecture à 17h Square Saliège pour exiger le relogement des familles. Une initiative qui pourrait permettre d’élargir la mobilisation à l’ensemble des organisations politiques, syndicales et associatives, afin de commencer à construire, par la base, un rapport de force en lien avec d’autres secteurs pour imposer des solutions d’urgence : la fin des expulsions, la réquisition immédiate des milliers de logements vides pour reloger durablement les familles à la rue, mais aussi le retrait de la loi immigration qui va aggraver la situation des familles les plus précaires et la régularisation de tous les sans papiers !

Faire un don pour soutenir les familles sans domicile fixe de l’école Michoun

*Le prénom a été modifié


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