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14 juillet sous haute tension

Evénements annulés, déploiement de la police : pour Macron, le 14 juillet ne sera pas une fête

Après les révoltes, les festivités du 14 juillet deviennent un véritable casse-tête pour le gouvernement qui craint une reprise de la mobilisation. Interdiction des feux d’artifice, annulations des festivités, moyens massifs de répression : affaibli et enlisé dans une crise politique majeure, le gouvernement continue d’affermir sa réponse autoritaire.

Yann Causs

10 juillet 2023

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Evénements annulés, déploiement de la police : pour Macron, le 14 juillet ne sera pas une fête

Crédit photo : doubichlou14

Une réponse autoritaire face à la crainte de la reprise des révoltes

A quelques jours du 14 juillet, l’édition 2023 s’annonce extrêmement délicate pour le gouvernement. Si, pour l’Etat français, cette journée est censée être une célébration de l’impérialisme mettant en scène la « grandeur de la Nation française », les cinq mois de mobilisation contre la réforme des retraites et la révolte des banlieues empêchent Macron de faire de la fête nationale une célébration de ses « Cents jours d’apaisement ». Après six jours de révolte dans les quartiers populaires, le gouvernement est à présent terrifié face à la possibilité que le 14 juillet puisse de nouveau catalyser les colères et marquer une reprise des émeutes. Dans ce sens, Emmanuel Macron montrait déjà son inquiétude la semaine dernière face à l’arrêt des révoltes, affirmant qu’il fallait voir « ce que donneront le 13 et 14 juillet » et qu’il s’agissait « de rester en alerte maximale ».

Un scénario de reprise des émeutes que le gouvernement veut donc à tout prix éviter et face auquel il a d’ores et déjà annoncé une réponse sur le terrain répressif. Si certaines communes ont décidé d’annuler les festivités d’elles-mêmes, Elisabeth Borne a déclaré de son côté lors d’un entretien pour Le Parisien la mise en place de « moyens massifs pour protéger les Français » durant « deux jours sensibles ». Alors que près de 45 000 policiers et gendarmes, dont les unités spéciales, ont été déployés au plus fort des émeutes, entraînant plus de 4 000 arrestations, nul doute qu’une telle déclaration promet un nouveau déploiement d’ampleur des forces de l’ordre pour empêcher toute expression de colère contre Macron.

Plus concrètement, Elisabeth Borne a annoncé avoir signé ce dimanche un décret interdisant la vente, le port et le transport de feux d’artifice afin « de prévenir les risques de troubles graves à l’ordre public au cours des festivités ». Devenu le cheval de bataille du gouvernement, ce décret lui permet d’élargir encore plus le cadre de la répression et cible tout particulièrement les jeunes de banlieues.

Enfin, dans la lignée des déclarations de Macron prenant les réseaux sociaux pour responsables de la diffusion de la révolte, le ministre délégué chargé de la transition numérique Jean-Noël Barrot a annoncé ce lundi matin sur France Inter avoir demandé aux principales plateformes « de veiller à ce que les paramètres, les fonctionnalités de leurs services ne viennent pas à être dévoyés au service de rassemblements émeutiers ». Plus particulièrement, la géolocalisation se trouverait dans son viseur car elle « a été identifiée comme ayant été dévoyée pour faciliter la formation d’émeutes ».

Un 14 juillet qui met en exergue la faiblesse de Macron

Ce 14 juillet est donc placé sous le signe de la répression du côté de l’exécutif. Une situation particulièrement détonante avec la volonté d’Emmanuel Macron affichée en avril dernier de faire de la fête nationale une journée de bilan des « Cent jours d’apaisement », censés tourner la page douloureuse des retraites. Loin d’avoir repris en main la situation, le soulèvement des banlieues est venu au contraire renforcer la crise ouverte dans laquelle se trouvait déjà le gouvernement, et rend d’autant plus compliquée une sortie par en haut pour ce dernier.

Preuve en est la confusion persistante autour d’un remaniement, tant sur son contenu que sur son annonce, prévue initialement lors d’un discours le 14 juillet. Si Libération affirme ce lundi qu’Emmanuel Macron aurait pris sa décision, les tergiversations et les hésitations dévoilent l’impasse dans laquelle se trouve la macronie. Qu’à seulement trois jours du 14 juillet, l’exécutif ne sache pas si le Président de la République prononcera un discours pour la fête nationale, parle de la faiblesse du gouvernement qui craint le moindre faux pas pouvant raviver des braises encore chaudes. « C’est sûr que si le Président parle et qu’après, ça pète à nouveau, on passe un pour des idiots », explique dans ce sens un député macroniste à BFM TV. Quoiqu’il en soit, le Président ne peut que continuer à avancer quoiqu’il en coute, et ses annonces seront scrutées de très près.

Bénéficiant d’une marge de manœuvre quasi nulle, Macron joue donc la montre. Alors qu’un accord avec Les Républicains semble toujours impossible et que les contradictions au sein du camp présidentiel font pencher la balance vers un maintien de Borne faute d’alternative, ce 14 juillet va jouer comme un révélateur de l’incapacité de Macron à se renouveler. La victoire du mouvement anti-raciste ce samedi, qui a mis en déroute la politique de Darmanin en tenant la marche à Paris malgré les interdictions, aggrave la crise politique persistante. Une démonstration, à son échelle, des potentialités que pourrait avoir un front unique du mouvement ouvrier et social contre la politique antisociale et raciste de Macron, de la droite et de l’extrême droite.


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