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Qui est le trafiquant ?

François Thierry, chef des « stups » mis en examen pour complicité de trafic de drogue

Poursuivi pour une affaire de saisie de cannabis dans le XVIe arrondissement datant de 2015, le numéro un dans la lutte anti-drogues a été mis en examen pour complicité. Une fourgonnette remplie de sept tonnes de cannabis retrouvée boulevard Exelmans est à l'origine d'un scandale sans précédents.

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Les méthodes controversées des « stups » sont dans l’œil de la tempête, après les révélations de Libération, sur la mise en examen du patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris). A l’origine de l’affaire, une saisie qui avait fait la fierté de l’ancien gouvernement Hollande qui n’avait pas tardé de se vanter de la découverte « fortuite » de près de sept tonnes de cannabis dans le boulevard Exelmans au XVI arrondissement de Paris, le 17 octobre 2015. Fin mars François Thierry avait été placé en garde à vue par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), et avait mis deux jours à reconnaître que ce chargement était prévu pour une « livraison surveillé » gérée par son service et en étroite liaison avec le trafiquant international Sofiane Hambli.

Suite à une audition qui a duré plusieurs heures, le grand chef des « stups » a été placé en garde à vue par les juges Badoin Thouvenot et Marc Sommerer de la juridiction interrégionale spécialisé pour « complicité de détention, transport, acquisition de stupéfiants et complicité d’exportation de stupéfiants en bande organisée ». Dès lors, on ne peut que se poser des questions sur les méthodes de l’ex-superflic, dont les méthodes dépassent toute légalité. C’est donc un scandale sans précédents dans l’histoire de la lutte contre le trafic des drogues qui fait trembler l’institution, qui n’en est pourtant pas à sa première affaire.

Monsieur Sofiane n’est pas un simple passeur ou logisticien comme le prétend François Thierry, mais bien un trafiquant de drogues connu de tous originaire de Mulhouse, recruté en 2009 dans une prison au sud de l’Espagne. Rapidement, Hambli deviendra une des meilleures sources du service, et aurait le privilège de traiter avec François Thierry en personne. Son maintien à la tête des « stups » est désormais mis en question, malgré qu’une mise en examen ne vaut pas une condamnation. Mais Thierry est loin de voir ses ennuis se terminer, car un ancien informateur de son entourage a dénoncé dans une lettre datée du 1er octobre 2015 avoir été le gardien en 2012 d’une villa dans le sud de l’Espagne où des policiers français auraient chargé et déchargé 19 tonnes de cannabis à destination du marché français.

Dans le cas présent, le problème n’est pas que le numéro un des stups est un trafiquant de drogues, car d’après l’enquête de l’IGPN, l’examen de ses comptes n’aurait révélé aucun enrichissement personnel (malgré le fait qu’on ne puisse pas encore s’en assurer, car des comptes d’outre-mer n’ont pas été ouvert), mais bien qu’un fonctionnaire très haut placé a la possibilité systématique d’utiliser des méthodes contraires à la loi. Ces méthodes, pourtant interdites, ont échappé à tout contrôle judiciaire, alors même que la législation prévoit déjà des situations d’exception contre la lutte des gros trafiquants de stupéfiants.

A la lumière de ses faits, on peut que s’interroger sur le fait qu’un fonctionnaire de police très haut placé peut faire à tous les échelons, d’autant plus ce fonctionnaire est aujourd’hui passé à la sous-direction anti-terroriste. Cette affaire émerge dans le cadre d’une guerre entre services, mais révèle avant tout d’une pratique systématique aux marges voir en dehors de la loi, qui est révélatrice des méthodes utilisées par les forces de police et de renseignement. Cela en dit long sur les procédés dignes du grand banditisme que l’Etat utilise pour « lutter la délinquance » : utiliser voire anticiper ses propres méthodes.

Crédits photo : Patrick Kovarik // AFP


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