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Attaque réactionnaire

Offensive contre le droit du sol : Darmanin relance la surenchère anti-immigrés

En visite à Mayotte, Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche vouloir supprimer le droit du sol sur l’île. Une attaque historique qui renforcerait le régime d’exception de l’île, ouvrant la voie aux offensives contre le droit du sol sur tout le territoire national.

Maëva Amir

12 février

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Offensive contre le droit du sol : Darmanin relance la surenchère anti-immigrés

Suppression du droit du sol à Mayotte : la promesse d’une attaque d’ampleur

Gérald Darmanin a fait une arrivée remarquée ce dimanche 11 février à Mamoudzou, capitale de l’île de Mayotte accompagné de la nouvelle ministre déléguée chargée des Outre-Mer. En déplacement pour apaiser la colère des collectifs d’habitants de Mayotte mobilisés depuis fin janvier « contre l’insécurité et l’immigration illégale », il a annoncé des mesures « radicales » pour lutter contre l’immigration à Mayotte. Parmi ces mesures, une retient particulièrement l’attention tant elle cristallise le projet raciste et réactionnaire de ce gouvernement : la suppression pure et simple du droit du sol sur l’île de l’Océan Indien.

Alors qu’une telle transformation ne pourrait se faire que dans le cadre d’une réforme de la constitution, le ministre de l’Intérieur a annoncé fièrement « une décision radicale, qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte ». Il a poursuivi « Il ne sera plus possible de devenir français si on n’est pas soi-même enfant de parents français. […] Il ne sera donc plus possible de venir à Mayotte de façon régulière ou irrégulière, de mettre un enfant au monde ici et d’espérer devenir français de cette façon ». Une mesure qui avait déjà été révélée ces derniers jours.

Cette annonce est historique en ce qu’elle va plus loin que tout ce qui avait été jusqu’à présent annoncé concernant la limitation du droit du sol à Mayotte. En effet, ce droit avait déjà été restreint en 2018 dans le cadre de la loi Collomb et était depuis régulièrement menacé d’être durci par Darmanin, notamment dans la loi immigration. Celle-ci prévoyait en effet de renforcer l’exception concernant le droit du sol à Mayotte en imposant que les deux parents, et non plus un seul, aient résidé sur le territoire de Mayotte en situation régulière pendant au moins un an pour que leur enfant puisse obtenir la nationalité française à la naissance. Une mesure retoquée par le Conseil constitutionnel.

Si le gouvernement Macron décide cette fois d’aller encore plus loin, c’est en parti pour tenter d’apaiser le mouvement actuel aux relents réactionnaires et xénophobe qui secoue l’île depuis janvier dernier. Lancée en réponse à la présence d’un camp de migrants dans le stade de Cavani, la mobilisation paralyse l’île par des barrages de collectifs d’habitants qui dénoncent l’insécurité et la présence des étrangers en trop grand nombre. Par cette annonce, Darmanin répond à des demandes historiques des collectifs d’habitants de l’île en lien avec les politiques locaux qui réclament régulièrement une surenchère répressive en matière d’immigration. C’est le cas notamment de la fin des titres de séjour territorialisés annoncé par Darmanin ce dimanche reprenant ainsi une autre revendication historique portée notamment par la députée xénophobe Estelle Youssouffa.

Le prolongement d’une course à la surenchère anti-immigré

L’annonce de Darmanin a ouvert la course à la surenchère contre le droit du sol sur l’île mais aussi dans l’hexagone. Se félicitant que le gouvernement ait pris cette décision, les déclarations de la droite et de l’extrême-droite ne se sont pas faites attendre. « Je dis bravo d’enfin se rendre compte d’une évidence. […] La question que je pose c’est […] pourquoi il n’étant pas cette suppression à l’ensemble du territoire français ? » demandait Marion Maréchal au micro de BFM. Même réaction du côté d’Eric Ciotti, président des Républicains ou encore d’Eric Zemmour. Tous deux somment le gouvernement de supprimer le droit du sol sur tout le territoire français décrivant Mayotte comme « le miroir grossissant et accéléré de la France métropolitaine ».

L’utilisation de l’exception mahoraise pour ouvrir des discussions sur un durcissement extrême des conditions d’accès à la nationalité française en hexagone n’est pas nouvelle. En 2021, Patrick Stefanini, directeur de campagne de Pécresse et conseiller historique de la droite, s’exprimait déjà dans les colonnes du Figaro Vox, en sommant de ne plus cantonner le débat sur le droit du sol à Mayotte seulement. Une nouvelle preuve du caractère de laboratoire de Mayotte, dont le régime d’exception colonial appliqué prépare l’application, au moins partielle, de certaines mesures en France hexagonale.

La question qui est désormais posée est celle de la capacité de Macron à faire appliquer cette mesure raciste. Pour la faire passer, le gouvernement aura besoin d’alliés. En effet, pour être adoptée, une réforme constitutionnelle doit être votée soit par référendum soit à la majorité des 3/5e des parlementaires. Le gouvernement aura alors besoin de la droite et de l’extrême droite, qui même s’ils félicitent Darmanin, demandent d’aller plus loin dans l’hexagone ou s’opposent à la fin du visa territorialisé. Hasard heureux du calendrier cependant, Macron insistait justement ce vendredi sur l’importance de pouvoir « avoir des discussions » avec le RN au Parlement...

Quel que soit l’avenir de la mesure, le gouvernement Macron emboite une nouvelle fois le pas à l’extrême droite dans un contexte de crise politique important. Deux semaines après le passage de la loi immigration d’une brutalité historique, malgré la censure de plus de 30% du projet initial par le Conseil constitutionnel, la macronie prolonge ses attaques d’ampleur contre les immigrés et ouvre un nouveau chapitre dans la gestion répressive de l’immigration en France hexagonale et en Outre-Mer.

Pour mettre un coup d’arrêt à toutes ces attaques, il faut organiser une riposte d’ampleur de tout notre camp social, en refusant de faire de Mayotte un territoire d’expérimentation des politiques les plus répressives en matière d’immigration au service des intérêts impérialistes de la France dans la région. Ces politiques ultra-répressives ne répondront absolument pas à la misère sociale dans laquelle l’État français plonge l’île et le reste de son archipel depuis des années, au contraire elles fabriquent encore davantage de sans-papiers et continuent de faire de l’Océan Indien un cimetière à ciel ouvert.


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