Crédit photo : Denis Allard pour Libération
Il n’y a pas si longtemps, le 6 mars dernier, le couple présidentiel « incitait les français à sortir malgré le coronavirus » en se pavanant lors d’une sortie médiatisée dans un théâtre parisien. Emmanuel Macron déclarait alors « la vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie. » Le coronavirus avait pourtant déjà frappée l’Italie voisine, et la vitesse de propagation de l’épidémie à partir du principal foyer en Europe laissait entrevoir un risque d’explosion du nombre de contaminés. Malgré cela, aucune campagne de prévention, de dépistage, ni de préparation dans les hôpitaux par l’embauche de personnel, n’a été mise en place par le gouvernement. Au contraire, Emmanuel Macron dans son discours de jeudi dernier annonçait le maintien du premier tour des élections présidentielles.
Aujourd’hui, près de 170.000 personnes contaminés ont été détectées dans le monde, alors qu’en France la pandémie a fait 175 morts et que les autorités dénombrent 7730 cas détectés. Mais la responsabilité n’en est pas à ceux qui, selon le discours du chef de l’Etat prononcé lundi, n’avaient pas « respecté la consigne de fermeture » en sortant « dans les parcs, des marchés bondés, des restaurants, des bars ». En réalité ce sont en premier lieu les gouvernements néolibéraux qui sont responsables de cette crise, en ayant mené une politique de casse systématique de l’hôpital public, comme cela a été le cas en Italie et France. C’est bien le président de la république lui-même qui a appelé les personnes âgées à aller voter, alors même que les personnels soignants alertaient sur les risques de contamination élevés dans les bureaux de vote. Et c’est le gouvernement qui refuse de fermer les entreprises non essentielles, pour réduire la propagation du virus, et d’imposer au patronat de fournir un matériel de protection efficace pour les salariés obligés d’aller travailler.
Alors que dans les hôpitaux, les soignants manquent de personnels, de lits, de gel hydroalcoolique ou de masques comme dans le Grand Est, le confinement partiel décidé par le gouvernement, qui interdit tout déplacement hormis pour aller travailler, se faire soigner, ou se rendre dans un supermarché, est imposé par les 100.000 policiers et gendarmes que Christophe Castaner a mobilisé, avec ordre d’infliger une amende de 138€ aux personnes qui circuleraient encore dans les rues sans « attestation sur l’honneur ».
Dans la capitale cette mesure a été appliquée à la lettre. Dès midi et sur ordre du préfet Lallement. Ce mardi, des policiers patrouillaient par exemple dans le quartier populaire de la Goutte d’Or pour contrôler, verbaliser et interpeller les habitants.
? Les amendes tombent, créant des tensions. Une femme verbalisée alors qu'elle était avec sa fille hurle sur les policiers, qui hurlent en retour : "RENTREZ CHEZ VOUS !" Avec sa fille, elle finit par partir. #Confinementotal #coronavirus #COVID19france #paris18 pic.twitter.com/p4zcHcqat3
— simon louvet (@simonlouvet_) March 17, 2020
? Une femme refusant de respecter le #Confinementotal hurle sur les policiers. Quand ils la mettent à l'écart, elle leur tousse au visage en disant : "Laissez moi j'ai le #coronavirus vous l'aurez aussi !" Elle est interpellée. #COVID19france pic.twitter.com/uxR7SiWpMv
— simon louvet (@simonlouvet_) March 17, 2020
Selon France Info, 8.000 contrôles ont été effectués dans la capitale et la petite couronne pour le premier jour de confinement.
« Vous savez rien n'est compliqué pour nous, on nous a expliqué que les manifestations étaient très compliquées [...] Mon travail n'est pas de lister les problèmes mais de trouver des solutions. Je vais les trouver », a déclaré le préfet de police de Paris Didier Lallement pic.twitter.com/QtETshTqZR
— CNEWS (@CNEWS) March 17, 2020
Comme il a réprimé les Gilets Jaunes, les grévistes et les manifestants contre la réforme des retraites, et comme la police réprime les habitants des quartiers populaires, le préfet Lallement aux ordres de Castaner et Macron assure donc qu’il réprimera les habitants des quartiers populaires, les SDF, les migrants, les personnes résidant dans des logements trop petits ou insalubres. Face à cette situation, on ne peut laisser la gestion de la crise au main de ce gouvernement qui aides les entreprises avec des milliards d’euros pendant qu’il laisse les hôpitaux manquer de moyens humains et matériels.